Intensité d’usage de l’espace urbain, une complexité à résoudre par des techniques nouvelles et une gouvernance renouvelée

Comment  favoriser l’intensité d’usage de l’espace urbain ? Comment maintenir un haut niveau de qualité d’usage ? Comment accompagner la réflexion stratégique , le déploiement et le suivi dans le temps ?

Viser l’intensité d’usage de l’espace, par toutes et tous, de toutes conditions

L’espace urbain  disponible pour l’implanter des projets se raréfie dans de nombreux territoires. Ce phénomène est particulièrement visible dans les zones à haut niveau d’attractivité, en immobilier d’entreprise comme en logements, généralement proches des nœuds de transport, dotées d’espaces publics qualitatifs ou bien encore offre de services.

Viser l’intensité d’usage de l’espace tout en conservant un espace vivable pour tous est un défi pour les gouvernants de nos territoires.

L’intensité d’usage acceptable implique de réussir la difficile alchimie entre productivité et confort d’utilisation de l’espace au quotidien. La  productivité peut ici se définir comme une sorte d’objectif de meilleur usage possible de l’argent investi. Quant à la notion de confort d’usage, elle implique une bonne prise en compte des 5 sens. La vue est ainsi marquée par le paysage, les formes urbaines. Le toucher, l’odorat et l’ouïe seront eux activés par les matières, les plantes ou encore les activités humaines à proximité. La régulation de la température en été en cœur de ville est améliorée par la présence de l’eau et les arbres, l’accès à l’ombre et à la fraîcheur devient un luxe. Facteur de stress ou véritable agrément, la bonne prise en compte de ces paramètres est une clé de succès pour réussir la fabrication de l’espace, en particulier en ville.

Pour aller plus loin, découvrez le cahier sur les résiliences territoriales : https://villeagiledurable.com/cahier-resiliences-territoriales/

Pragmatisme & horizontalité, un paradigme à résoudre par de nouvelles techniques

Allier pragmatisme et horizontalité est aujourd’hui un paradigme à résoudre pour conduire des politiques publiques efficaces à l’échelle locale.

Souvent présentées comme des solutions miracles, presque magiques, les « Tech » se sont imposées dans nos vies au travers de nos consommations et des projets déployés dans notre espace de vie.

Présentes partout, les techniques, méthodes, outils et autres technologies, « high » ou « low » tech restent des moyens pour résoudre la complexité face aux enjeux urbains à résoudre. Tout cela pourrait se résumer en une approche : « La tech » au bon endroit et au bon moment…

En nourrissant la réflexion stratégique de données, de modélisations et représentations graphiques attractives, nous pouvons aujourd’hui proposer de nouvelles réponses, plus ciblées sur les besoins réels et plus adaptées au contexte local. Réussir à mettre en lumière les enjeux locaux d’alimentation et de santé et l’intérêt public d’un terrain urbanisable pour le consacrer à l’activité physique ou au maraîchage en est un bon exemple.

En plaçant l’individu au centre du dispositif, on le place au centre des attentions, au centre de la politique publique. L’individu doit être au cœur du processus de transformation. Nourrir, faciliter la vie, divertir, transmettre, organiser l’usage de l’espace ou proposer de nouvelles expériences à vivre sont autant d’objectifs qui se prêtent bien à cette approche « Human centric » comme disent les anglo-saxons. La question qui se pose est fondamentalement de savoir comment favoriser, simplifier et permettre aux acteurs publics et en particulier aux collectivités territoriales de se doter des bons outils pour faciliter leurs interactions tant avec leurs écosystèmes internes qu’externes.

Dans ce contexte, la collaboration efficace entre citoyens, professionnels, services de la collectivité et élus est plus que jamais nécessaire. Tout l’enjeu réside ensuite dans l’organisation de la décision autour de ces réflexions collectives, pour passer à l’action avec courage et pragmatisme.

Pour aller plus loin : https://villeagiledurable.com/le-mag/demarches-collaboratives-projet-urbain/

De la décision à l’arbitrage, émergence de nouvelles approches de gouvernance autour des démarches participatives

L’expérience montre qu’il est aujourd’hui possible de favoriser à la fois une approche tournée vers la réalisation de projets concrets et aussi une participation accrue des acteurs. L’approche de co-construction par ateliers collaboratifs en devient l’un des outils évident.

Le processus participatif n’est pas un obstacle au projet, bien au contraire. Il est aujourd’hui considéré comme un acte de projet à part entière, une sorte de colonne vertébrale de la réflexion collective. A la fois sécurisant et inspirant, ce processus nous invite à la rencontre, à l’échange, à la collaboration et in fine permet la co-construction des solutions.


La participation des citoyens a été favorisée par les plateformes numériques. Le bouleversement de nos pratiques par la crise COVID ont impacté la nécessité d’adaptation de nos modes de collaboration et de participation. Internet a permis de faire participer la société civile à grande échelle et d’associer des publics jusqu’ici éloignés de ce genre de démarches, comme les jeunes. On assiste aujourd’hui à une multiplication des consultations en ligne grand public, parfois organisées dans le cadre d’états généraux, d’assises ou de concertations institutionnelles. Dans le domaine de la « démocratie ouverte », on trouve également les civic techs, les technologies civiques. France Stratégie les définit comme un « ensemble hétérogène d’initiatives numériques visant la participation citoyenne ».

Reposant sur ce socle négocié, le projet peut ainsi faire l’objet de réflexions stratégiques poussées. Forts de ces résultats, les décideurs peuvent mettre en place une logique d’arbitrage entre plusieurs projets valables, selon des critères à préciser selon le contexte du territoire.

Réussir des espaces urbains agréables, mêlant intensité et confort d’usage au quotidien est donc possible, à la condition d’impliquer et d’engager les parties prenantes dans une approche collaborative et pragmatique !


La mise en place d’un espace collaboratif personnalisé et sécurisé permettra d’obtenir :
– Une meilleure efficacité opérationnelle :
– Optimiser l’efficacité
– Diffuser la culture et la connaissance
– Consolider la donnée
– Accélérer votre transformation digitale.

https://www.youtube.com/watch?v=nN3SUpAJXh8&authuser=0

Joris GAUDION
LaVilleE+
Directeur des Opérations

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires

Tiers-Lieux : le sens du collectif

Projets structurants de territoires, les tiers-lieux contribuent au bien-vivre ensemble de façon durable et responsable, pour tous. Leur conception se fonde sur les valeurs communes aux acteurs d’un même bassin de vie. Des valeurs qui doivent se retrouver dans chaque espace du tiers-lieu, au service de la créativité et de la convivialité.

Fablab, coworking, médiation numérique, services au public, jardin partagé, offre culturelle et artistique, boutique, ressourceries…  Je m’étais déjà essayé à l’exercice de la définition du tiers-lieu, dans un précédent article. Des espaces de rencontre protéiformes, avec un seul et même objectif : favoriser le vivre ensemble et surtout le faire ensemble.

Dans ces lieux à la fois ouverts, flexibles et conviviaux, propices à l’épanouissement individuel dans un cadre collectif, la question de l’aménagement apparait comme centrale.

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Un lieu structurant, ouvert à tous

Le tiers-lieu est au cœur de la cohésion des territoires, les pouvoirs publics l’ont bien compris. Par nature, il est inclusif. Il encourage l’inter-générationnalité et la mixité et se doit d’être accessible à tous les publics, y compris aux personnes en situation de handicap.

C’est pourquoi la qualité de l’accueil est primordiale. La zone qui lui est dédiée doit être réfléchie avec grand soin. Quant aux traditionnelles zones de passage, elles prennent un autre sens pour devenir des espaces de convergence, ouverts sur les multiples usages offerts par le lieu.

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La création d’un tiers-lieu n’est pas la réponse à un simple effet de mode. C’est la solution pérenne aux besoins non pourvus d’un bassin de vie. Une proposition de services et d’activités prêts à redynamiser un quartier, un village, en soutenant l’économie locale et en accompagnant sa transformation. Avec un espace de coworking, le tiers-lieu s’adresse aux entreprises en quête de flexibilité, aux jeunes entrepreneurs, aux travailleurs indépendants, aux salariés pratiquant le télétravail mais aussi aux associations, aux étudiants. Il met à disposition des espaces modulables pour servir à la fois le travail individuel et collectif.

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Au service de l’échange et de la créativité

Le tiers-lieu doit permettre à chacun, et collectivement, de se saisir de son pouvoir d’agir. La créativité y est un maître-mot. Certains espaces y sont même expressément consacrés : les fablabs pour la conception d’objets en tout genre, les ateliers de création permettant l’expression artistique et la manipulation de la matière. De manière plus générale, l’inventivité est favorisée par les rencontres que facilite le lieu.

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À ce sujet, et au-delà des zones d’activités, les espaces de vie communs (cuisine, cantine, café, salon…) sont stratégiques dans un tiers-lieu. Propices à la convivialité et au réseautage, ils stimulent les échanges et le partage, jusqu’à faire naître des projets communs.

Enfin, le bien-être des usagers sert l’ensemble des objectifs du tiers-lieu ! Pour le garantir, le tiers-lieu mise sur des espaces épurés et végétalisés, du mobilier confortable et fait la part belle à la lumière naturelle. Surtout, il s’adapte à chaque usage : couleurs apaisantes ou dynamiques selon les activités proposées, mobilier flexible. Le mobilier peut être un mélange de neuf, d’occasion, voire même de récupération, … afin de créer une ambiance spécifique, personnalisée suivant les attentes et usages des espaces.


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Dynamique de co-construction

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Chaque tiers-lieu répond aux enjeux spécifiques à son bassin de vie…et les possibilités sont infinies ! Aussi, Manutan Collectivités propose aux porteurs de projet une méthodologie pour développer de A à Z leur propre espace. La co-construction est au cœur de la démarche que nous proposons. Pas de création d’un tiers-lieu vivant et pérenne sans une dynamique ascendante de mobilisation des acteurs du territoire : chefs d’entreprises, associations, partenaires sociaux, têtes de réseaux culturels, habitants… Chaque projet se fonde sur un socle de valeurs communes qui animent et fédèrent les ambassadeurs porteurs du projet. Avec un objectif en tête : redonner du sens au collectif pour favoriser le mieux-vivre ensemble.

Philippe MALLARD
Directeur Général
Manutan Collectivités

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires





Le secteur de l’hôtellerie – restauration face à la crise Covid 19

Le secteur de l’hôtellerie-restaurant est décimé par la crise du Covid19, cela s’explique en partie par la dureté des mesures sanitaires mise en place pour tenter d’endiguer la transmission du virus.

A noter tout d’abord que depuis le 17 mars 2020, avec les différents couvre-feu et confinement, les Cafés – Hôtels et Restaurants ont eu l’obligation de renoncer à l’accueil du public et ont dû adapter leurs pratiques. Certains préfèrent rester tout simplement fermé sans chercher de solutions de substitution. Soit en raison du fait qu’ouvrir pour les commandes coûtent plus cher que de rester fermé ou bien alors car leurs cuisines ne se prêtent pas au click and collect / livraison. Ce premier cas de figure peut se présenter pour un établissement dans un quartier de bureau car avec le télétravail et les clients ne se déplacent plus il y a moins de passage.

En réalité, il n’y a jamais eu d’obligation de « fermer » à proprement parler mais une interdiction de recevoir du public dans des conditions strictes comme en août et octobre 2020 pour les restaurants et cafés.

Pour le secteur de l’Hôtellerie-Restauration le souci n’est pas tant de savoir s’ils ont le droit de rester ouvert avec des conditions strictes mais plutôt de savoir quand et comment l’accueil des clients sera possible. Il s’agit là du sujet de discorde principal aujourd’hui avec les pouvoirs publics. D’un côté les hôtels peuvent accueillir le public en sécurité en suivant un protocole sanitaire strict (room service, gel hydroalcoolique à l’entrée des établissements et dans les chambres) et de l’autre, le gouvernement a décidé de faire au plus simple en empêchant la réception de la clientèle pour une durée indéterminée dans les Cafés et Restaurants. Une forme de paradoxe s’installe et l’incompréhension est de mise.

La réouverture était prévue pour le 20 janvier 2021 pour les restaurants mais cela a été reporté à une date ultérieure qui pourrait être dans le courant du mois d’avril. Pour les établissements dont la principale source de revenu n’est pas l’alimentation (les bars), c’est encore plus flou puisqu’il n’y a aucune date de prévu.

Quid des aides pour affronter la situation ?

En restant fermé il n’y a pas de vente (sauf le « à emporter » qui ne couvre pas l’ensemble du chiffre d’affaires habituel de ces établissements) et donc il est acquis de tout le monde que sans vente il n’y a pas de chiffres d’affaires, mais les charges (loyers- eaux – électricités – gaz) et emprunts bancaires, eux, courent bien toujours ou sont, au mieux, reporter.

Les entreprises qui ne sont pas fermées mais qui ont perdu au moins 50 % de leur chiffre d’affaires peuvent bénéficier de l’aide jusqu’à 10.000€, ou d’une indemnisation de 15 % du chiffre d’affaires mensuel, via le fonds de solidarité.

L’indemnisation peut être portée à 20 % du chiffre d’affaires pour les entreprises de ce secteur qui ont perdu 70 % de leur chiffre d’affaires. L’entreprise ne doit pas avoir plus de 20 salariés et faire un maximum de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Cela ne semble pas satisfaire pas tout le monde, l’inverse aurait été étonnant.

Des chefs d’entreprises se plaignent que l’aide de 10.000€ ne suffise pas. Il ne faudrait pas de plafond à cette aide. Un établissement faisant 1 million d’euros de chiffre d’affaires annuel et qui est éligible à l’aide ne se verra indemniser que de 10.000€ au maximum. Un établissement indépendant, ne rentrant dans aucune de ces cases n’aura le droit à aucune aide. Le « quoi qu’il en coute » aura peut-être servi à limiter la casse mais il semble commencer à trouver ses limites aujourd’hui.

Comment vont-ils s’en sortir ?

D’autres aides existent sous forme d’exonération, par exemple le loyer est annulé durant la fermeture administrative pour les TPE et PME . Il y a également une exonération de cotisations sociales qui s’appliquera aux TPE et aux PME de ces secteurs pendant la période de fermeture. Elle s’appliquera automatiquement à toutes ces entreprises, qu’elles aient déjà acquitté ou non leurs cotisations. Mais les entreprises de taille intermédiaire et les grandes entreprises de ces secteurs ne bénéficiant pas de l’exonération automatique pourront obtenir des étalements longs des charges sociales et fiscales reportées et, au cas par cas, solliciter des annulations de dette en fonction de leur situation financière.

On voit donc que le gouvernement met en place des aides financières pour tenter de maintenir l’économie à flot et garder ce fleuron de l’économie française, de la culture et de la renommée du pays.

N’oublions pas qu’après les attentats de 2015 à Paris, le nombre de touristes n’a cessé de grandir en France pour battre en 2017 et 2018 des records. Le premiers trimestre 2019 était sur les bases d’un nouveau record bien que le pays ait été fermé début mars 2020.

Concernant l’hôtellerie qui reste ouvert le secteur rivalise d’idées pour attirer les clients avec un protocole sanitaire strict.

Certains louent la chambre à l’heure pour faire du télétravail hors de chez soi, ou faire des réunions comme au café et garder des habitudes anciennes. Le lit est par exemple enlevé pour limiter le travail du personnel nettoyant. Enfin pour les nostalgiques du grand écran un hôtelier parisien offre la possibilité à quiconque de louer une chambre pour regarder un film confortablement installé.

En conclusion, il est aujourd’hui très compliqué de savoir quand les restaurants et cafés rouvriront. Encore plus compliqué de savoir quand les conditions d’ouverture redeviendront comme avant. Mais une chose est certaine : continuez d’aller chez votre restaurateur favori lui commander des plats à emporter, continuez d’aller dans des hôtels mais réservez en direct et non pas sur les sites de réservations d’hôtels qui appliquent des commissions importantes (15 voir 20% selon l’hôtel), continuez de rêver et protégez-vous contre la Covid en respectant les gestes barrières car sans cela il ne sera pas possible de débattre de choses futiles ou utiles de sitôt dans notre bar – restaurant – hôtel favori jusqu’à pas d’heure, comme avant.

Sebastien GARCIA
Chef de rang Bristol

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires

Le Paradoxe de la Densification

Depuis quelques mois maintenant qu’a eu lieu le premier confinement, on ne compte plus les innombrables unes qui paraissent dans la presse écrite ou en ligne, généraliste ou spécialisée, sur les envies de campagne des parisiens et plus globalement des habitants de la métropole. Après le fameux exode rural qui a eu lieu depuis la moitié du XIXème siècle jusqu’au XXème dans notre pays, il semble que la crise ait mis le feu aux poudres d’un nouvel exode, mais citadin celui-ci. Il suffit justement de taper les mots-clés Exode citadin dans n’importe quel moteur de recherche pour se rendre compte du phénomène qui est en train de se produire : Ces citadins qui veulent s’installer à la campagne après le confinement titre le Figaro, Face au Covid-19, ces citadins qui font le choix de la campagne abondent Les Echos, Va-t-on vers un exode urbain ? s’interroge pour sa part France Culture. Alors que l’exode rural poussait les paysans vers les villes dans un espoir notamment d’amélioration des conditions de vie, l’ironie veut que leurs descendants fassent maintenant le chemin inverse pour le même motif.

Toutefois, bien que cette crise sanitaire ait servi d’événement déclencheur pour de nombreuses prises de conscience, l’aspiration à la province était déjà bien présente auparavant. Déjà, en 2018, un sondage de l’institut OpinionWay indiquait que 55% des 28-45 ans songeaient à y déménager. Ce sont près de 70% d’entre eux qui envisageaient de le faire dans un délai de 5 ans. Du côté du site de recrutement cadremploi, qui interroge tous les ans les cadres sur leurs velléités de départ de région parisienne, le constat est sans appel : 8 cadres sur 10 sont prêts à quitter Paris pour une ville moyenne ou une autre métropole (2019). Ces chiffres sont accablants et ne permettent d’aboutir qu’à une seule conclusion : le modèle de développement des villes d’Île de France ne convient plus à ses habitants qui ne s’y épanouissent pas.

Mais ce modèle, quel est-il ?

D’un point de vue juridique, le développement de la région est principalement régi par la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris. Ce projet porte un double enjeu à la fois national mais également international. International par la volonté qu’il porte de maintenir, voire de renforcer, la position de Paris et sa région au sein des métropoles les plus attractives à l’échelle mondiale. Du point de vue national, l’enjeu était de construire une cohésion plus importante entre les territoires en les reliant davantage entre eux (d’où la construction de lignes de transports en commun supplémentaires), et en construisant une offre supplémentaire de logements. Là encore, ironie de l’histoire d’un pays qui prêche à tout va la décentralisation tout en donnant à une région les moyens d’un développement qui décrochera les toutes les autres, mais passons.
L’article 1 de la loi de 2010 stipule l’exigence faite aux communes de construire tous les ans 70 000 logements supplémentaires dans la région tout en maîtrisant l’étalement urbain. Comprenez donc en hauteur, ce qui entraîne une densité croissante. Dans sa volonté de sur-densifier la région, le législateur n’a pas anticipé les effets secondaires de la sur-densification, et les conséquences de celle-ci. Il ne suffit pas de construire à volonté des logements pour que des ménages acceptent de s’y installer. Il faut que le cadre de vie offert soit à la hauteur des aspirations liées à l’époque.

Autrement, il n’est pas dit que la population augmentera avec l’offre supplémentaires de logements. Selon l’Insee, entre 2012 et 2017, donc après l’entrée en vigueur de la loi, 26 698 logements supplémentaires ont été construits à Paris. Dans le même temps, la ville perdait 53 000 habitants. Dure réalité que celle de la main invisible qui s’impose une fois de plus à la bureaucratie d’Etat : les Parisiens n’acceptent donc pas d’être entassés les uns sur les autres dans des cages à lapins et quittent la ville.

En plus, le développement du télétravail incite les entreprises à reprendre et à approfondir le mouvement de revue de leurs politiques immobilières, qu’elles avaient pour certaines entamé avant la crise. Les mètres carrés coûtent aussi cher pour les entreprises que pour les particuliers, sinon plus dans le cadre de certaines zones d’activité telles que la défense, et l’immobilier est un levier permettant d’économiser facilement sans avoir à recourir aux coupes dans les effectifs. Si elle venait à s’approfondir et à se généraliser, cette réflexion pourrait à terme libérer dans les villes des espaces jusqu’à présent occupés par de l’immobilier de bureaux. Elle mettrait également un frein au schéma traditionnel de développement économique qui voulait que les villes attirassent les sociétés et sièges sociaux en nombre pour y trouver les moyens du financement de leurs services.

Le paradoxe de la politique néfaste de sur-densification induite par la loi de 2010 est qu’elle s’impose aux maires qui doivent de plus en plus adopter une posture d’équilibriste entre les exigences de construction imposées par la loi, et des électeurs de plus en plus mécontents face à cette sur-densification. Un certain nombre d’entre eux s’est retrouvé en porte-à-faux et a subi les critiques liées à la disparition de quartiers pavillonnaires anciens. Nombre d’associations locales se constituent pour faire face à ces grands travaux qui perturbent la tranquillité des voisinages et détruisent le patrimoine régional. Le résultat a été que lors des municipales 2020, le mot « vivre » était parmi les plus utilisés au niveau national comme au niveau régional dans les noms de listes, et était souvent précédé de « bien ». Comme un cri du cœur de citoyens face à la densification à grande vitesse de leurs communes.

Quel nouveau modèle de développement pour les villes en Île de France ?

Nous vivons dans une époque où les grandes entreprises qui prospèrent, GAFAM en tête, ont pour point commun d’avoir mis le consommateur au cœur de leurs stratégies. Elles ont développé leurs offres autour de lui, et les adaptent toujours plus à ses attentes. Sans pour autant tomber dans un rapport prestataire/client, cette approche dite « customer-centric » doit inspirer nos villes dans le développement de nouveaux modèles « citizen-centric ». Prenons en compte les aspirations des citoyens et sortons des schémas de développement traditionnel. Allons au-devant de leurs attentes et proposons-leur des alternatives porteuses de valeurs !

Les sondages qui sont régulièrement faits auprès des actifs sont assez explicites quant à leurs insatisfactions : le coût de la vie et l’éloignement avec la nature sont les principaux griefs des franciliens contre leur région selon Cadremploi. Ils associent la ville à la pollution, au stress et aux embouteillages. Si les marges de manœuvre sur le coût de la vie sont réduites au niveau municipal, les villes peuvent toutefois se repenser pour traiter du sujet de l’éloignement et du rapport à la nature, sujet phare de notre époque (comme en témoignent d’ailleurs les poussées électorales des verts dans les grandes villes de province). Il faut permettre aux villes de se réapproprier leur territoire pour en faire autre chose que des programmes immobiliers titanesques.

Augmentons la part des espaces verts dans nos villes pour qu’elles aient toutes à disposition un ou plusieurs poumons verts, nécessaires pour le bien-être des citoyens. Diminuons le minéral là où c’est possible pour végétaliser un maximum d’endroits et recrutons des jardiniers et paysagistes pour allier l’objectif social à la cause environnementale. Mais l’aération de nos villes doit aller encore plus loin que cette végétalisation qui figurait déjà dans nombre de programmes lors des dernières municipales (faute d’être appliquée). Revoyons nos exigences architecturales lors de la délivrance de permis de construire. La course effrénée vers le toujours plus haut a comme effet pervers d’écraser les habitants des villes qui ont de moins en moins de vue sur le ciel. Donnons également à voir du beau aux franciliens. Ne permettons plus la construction d’immeubles sans charme ni cachet, qui participent à des cycles de démolition reconstruction coûteux pour l’environnement, mais construisons des immeubles donnant à voir des façades de cachet. Mettons en valeur notre patrimoine local en prenant soin de nos pavillons et immeubles de style traditionnel. Il n’y a pas de raison pour que nous devions nous conformer à un style architectural et un aménagement urbain laids, oppressants et déshumanisants.

Bien sûr, la tâche est ardue et ne pourra pas être menée à bien sans un big-bang normatif. Tel big-bang qui d’ailleurs ne repose pas que dans les mains des collectivités locales, mais également dans celle des plus hautes sphères de l’Etat. Il est néanmoins nécessaire, car il est porteur de valeur pour nos cités. Une municipalité qui saura répondre à ces attentes attirera mécaniquement une population en recherche de ce bien-vivre élémentaire, qui s’établira sur le territoire, s’y enracinera et fera prospérer les commerces locaux. Faisons de la ville un endroit où l’on veuille vivre et non plus un endroit que l’on subit, en attendant l’occasion d’aller en province : c’est le sens du développement des villes, et le défi pour ce siècle.

Romain CHERRIER
Candidat aux municipales 2020 sur la liste Vivre Issy Pleinement
Issy-les-Moulineaux

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires

Economie & Stratégie d’Achats

Les politiques d’achat et de négociation des prix avec les fournisseurs de biens d’équipements industriels ont atteint leurs limites pour des produits de « qualité Européenne ». Ceci est consécutif notamment à la massification au niveau Européen ou Monde des achats de moyennes et de grandes entreprises. C’est aussi la conséquence de la création de centrales et de groupement d’achats.

Ceci ne permet plus de réaliser des économies importantes, lors des nouvelles négociations et le maintien des niveaux des prix atteints est aujourd’hui rendu difficile par la variabilité sur les marchés internationaux des prix des matières premières.

Les entreprises qui souhaitent poursuivre leurs plans d’économies continuent à « surveiller » le positionnement prix de leurs fournisseurs, mais s’orientent beaucoup plus résolument vers des approches jusqu’ici parfois totalement négligées et pourtant beaucoup plus impactantes en termes de coût que le gain de quelques euros sur l’acquisition de biens d’équipements ou sur leurs contrats d’entretiens. Parmi celles-ci, on trouve notamment :

– Les approches TCO (Total Cost Ownership). Il s’agit de comparer aux coûts d’acquisition (longtemps le seul qui ai été pris en compte par les acheteurs) le coût de l’acquisition, ou de la location longue durée de celui-ci d’ailleurs, et de tous les coûts qui viendront peser sur les coûts de l’entreprise qui l’utilise. Ces coûts sont évidemment financiers (coûts d’acquisition ou location, coûts service après-vente), mais touchent aussi à l’énergie, au personnel utilisateur, aux assurances notamment.

L’optimisation énergétique est une question centrale. Certaines solutions ont recours à l’énergie électrique du réseau, aux énergies fossiles (gaz, diesel, ou gazole non routier) ou à l’énergie sur batteries.
A l’acquisition certaines solutions peuvent être, facialement plus couteuses en optant pour des énergies de type Liion, mais l’analyse fine TCO permet de relativiser les coûts évidents et ainsi de réaliser des économies très importantes sur ce qui pèse sur les comptes de l’entreprise qui veut investir.

Les optimisations de flottes sont également un axe important d’économies. Plutôt que de baisser les coûts d’acquisition et d’entretien, réduire les flottes est une piste qui est explorée par beaucoup de groupes et en particulier dans l’industrie. Les compactages, optimisations de flottes et autres exercices de « lean managment » sont particulièrement recherchés en ces périodes particulières. Faire aussi bien avec des moyens optimisés, souvent après nivellement par le haut des solutions retenues, permet d’obtenir des résultats tout aussi bons, en accompagnant le changement et en obtenant l’adhésion des équipes et des Institutions Représentatives du Personnel ce qui est un plus.

L’automatisation, et les solutions qui permettent de se soustraire à l’obligation d’avoir recours aux caristes est une autre piste d’économie importante. Après être passé par « la case » investissement, souvent important, les économies réalisées sont souvent colossales. C’est la raison pour laquelle nombreux sont ceux qui explorent cette autre piste. L’impact social, contrairement à ce qu’il y parait, permet à l’entreprise d’investir dans son développement, dans la recherche de nouvelles solutions, ou de concentrer les ressources humaines sur des missions à plus fortes valeurs ajoutées ou pour certaines qui requièrent une expertise importante.

– Le cinquième axe consiste à se convaincre que les choix qui sont faits en termes de stratégie achat et d’investissements peuvent contribuer à améliorer l’image et donc à défaut de réaliser des économies, à développer la notoriété, et à véhiculer l’image d’un fournisseur désirable. Le tout est de communiquer sur ces investissements, et sur ce qui en fait des choix avantageux (économiquement, environnement parlant etc…

Dans la plupart des cas, quoi qu’il en soit aujourd’hui, il existe des offres marché de services, et de biens d’équipements industriels associés, compatibles avec la volonté d’ajuster au mieux ses investissements, le moins consommer et le moins polluer.

Il existe deux limites à cet exercice. La première est dans l’esprit de ceux qui consultent le marché. Ils doivent être animés par une volonté politique de faire mieux, et moins (cher, polluant, nombreux). L’autre limite consiste à décider de se laisser le temps de faire ce travail comparatif plus complet afin de prendre les bonnes décisions et atteindre les objectifs achat qui ont été fixés.

Aurélien AGESTA
Conseiller municipal à Maurepas
Responsable National Grands Comptes Industrie & Automotive chez Jungheinrich France

Sacha GAILLARD
Adjoint au Maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires

Compétitivité, la France peut-elle rattraper son retard?

Dans le débat public, le mot « compétitivité », à force d’avoir confondu les représentations économiques, assimile un pays et une entreprise. Mais une Nation n’est pas une entreprise.

Cette question de la compétitivité est quasiment exclusivement confondue avec une perspective de réduction des coûts. Et s’il existe une réelle problématique relative à la fiscalité qui incombe aux entreprises, nous devons penser cette question au-delà du seul biais de l’économie du sacrifice.

Il y a dans notre pays, les tenants d’un Etat omnipotent et ceux d’une opposition à toute forme d’intervention publique pour lesquels le moindre centime d’impôt versé est outragent. Mais il faut préférer les réalités aux slogans et sortir des oppositions stériles et manichéennes.

Le calcul économique de l’Etat ne peut être le même que celui d’une entreprise dans la mesure où les dépenses de l’Etat ont des effets retour et une multitude de phénomènes non marchands que les dépenses d’entreprises sont en incapacité de générer.

Convenons ainsi qu’au-delà de la « charge » que peut représenter l’impôt sur les entreprises, l’impact réel sur la compétitivité n’est pas tant dans la charge mais dans leur instabilité : leur variabilité incessante produit fatalement un manque de visibilité sur les charges fixes. La stabilité des charges fixes est un élément essentiel pour une bonne compétitivité.

L’effet yoyo des impôts sur les entreprises les empêche d’avoir une visibilité et une prévoyance à moyen terme qui pèse lourdement sur le déficit compétitif par rapport à nos voisins européens. Cette instabilité des charges fixes empêche nos entreprises d’avoir un budget prévisionnel pluriannuel qui favoriserait les investissements.

Si les investissements représentent un coût important dans un premier temps, que ce soit dans la comptabilité privée ou la comptabilité d’Etat, on oublie souvent que ces investissements rapportent de l’argent à moyen terme, que de surcroit, ils sont la marque d’une bonne santé économique et qu’ils permettent surtout un gain de compétitivité significatif. Si les dépenses d’investissement permettent de s’inscrire dans un cercle vertueux, a contrario, l’absence de dépenses d’investissement nous fait perdre en compétitivité qualitative (c’est-à-dire en valeur ajoutée comparée à une production concurrente), elle nous fait prendre du retard qu’il faudra rattraper, mais sans avoir bénéficié de l’avantage compétitif si vous étiez en avance sur vos concurrents.

De plus, la compétitivité se juge à l’aune de la qualité du produit, aux savoirs faire, aux compétences que requièrent sa production. Sans cela, vous ne faites que du moyen de gamme.

Enfin, parmi les poncifs habituels sur la compétitivité, se trouve celui du coût du travail. A cette occasion, on vient la plupart du temps nous louer le modèle allemand avec ses ouvriers payés à très bas salaire. A en écouter ces prêcheurs de contre vérité, on en viendrait à penser que nous n’avons que pour seule alternative, le nivellement par le bas afin de s’aligner progressivement au coût du travail chinois. Qui veut de ce modèle pour l’Europe en général et la France en particulier ?

Car si le coût du travail joue sans doute une part dans la compétitivité française, il n’est pas le seul élément structurant : cet élément, c’est la productivité. Que n’est-il jamais évoqué par les pharisiens d’un libéralisme débridé qu’un travailleur français, malgré ses 35 heures, est plus productif qu’un travailleur allemand ?

Certainement que les 35 heures, dans leur philosophie et dans leurs conséquences pratiques sont loin d’avoir d’innombrables vertus, mais on ne fait de politique que sur des réalités, et il ne sert à rien de réécrire l’Histoire, car il convient d’avantage d’écrire l’avenir.

Pour ce qui est du coût du travail dans notre pays, le constat est simple : le financement de nos prestations sociales pèse plus que de raison sur les salaires. Ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas de remettre en cause notre système social. Dans une économie globalisée, il faut savoir se doter d’outils performants loin des caricatures et des chimères. Pour retrouver un niveau de cout du travail compétitif, la solution a un nom : la « TVA sociale ». Au fond, quoi de plus logique que de financer la réduction des cotisations qui pèsent sur les salaires par la TVA assise sur la consommation. Quoi de plus juste que de baisser la contribution des plus modestes et d’augmenter celles des plus aisés. La TVA, dans un contexte de monnaie unique et de contraintes économiques communautaires, dispose des avantages d’une dévaluation : Les exportations bénéficient d’une baisse des coûts de production sans augmentation de charges puisque leur production n’est pas soumise à la TVA nationale. Les prix de leurs produits baissent sur les marchés étrangers et deviennent ainsi plus compétitifs. Quant aux importations, elles subissent la hausse de la TVA alors que leurs coûts restent inchangés. Les prix de leurs produits augmentent, ils deviennent donc moins compétitifs.

De ce point de vue, l’Europe ne peut plus rester ouverte à tous les vents, à la concurrence déloyale et à l’absence de réciprocité avec ses partenaires. Dans ces changements que doit accepter l’Union européenne se trouve le statut de la Banque centrale européenne : l’indépendance de tout organe politique, avec des critères qui n’ont aucun sens (le plein emploi n’y est jamais mentionné), cela ne peut plus continuer. On ne peut se doter d’une monnaie unique sans que les Etats n’aient leur mot à dire sur la politique économique à mener. C’est un non-sens. Si à l’intérieur de chaque Etat membre, les réformes nécessaires pour accroitre la compétitivité sont faites et qu’en même temps, la BCE conduit une politique monétaire absurde, avec un euro fort, vos efforts nationaux seront réduits à néant.

En France, il faut en finir avec cette politique consistant  à repousser sans cesse les dépenses d’investissement sous couvert de vouloir faire des économies, car cette absence d’investissement dans les services publics, afin d’avoir des services performants et de qualité, pèsent lourdement sur notre déficit de compétitivité.

Enfin, pour améliorer la productivité de nos entreprises, il conviendrait d’engager une réelle simplification administrative en faveur des entreprises plutôt que d’adopter de nouvelles mesures qui alourdirait encore davantage ces taches qui nous font perdre tant de productivité et de compétitivité.

Vous l’aurez compris, la France a devant elle de grands défis à relever si elle souhaite encore faire partie des premières puissances mondiales sur le plan économique. L’aide de l’Europe sera à n’en pas douter nécessaire et devra permettra à chaque Etat d’imposer son industrie compétitive dans les secteurs qu’elle maitrise le mieux.

Quentin BARADEL
Président de Réveiller la République,
Ancien collaborateur parlementaire,
Proche d’Henri Guaino

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires

Le télétravail peut-il être une nouvelle pratique managériale dans nos PME ?

Le ministère de l’économie défini le télétravail comme « toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur, est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire, en utilisant les technologies de l’information et de la communication ».

La pratique du télétravail … depuis 1976 ?

Une publication scientifique intitulée « Le Télétravail » (Largier, 2001) fait état d’une revue de la littérature sur le sujet et identifie la première notion du concept de travail à distance par une publication de Nilles, en 1976, qui le définissait comme « la substitution des télécommunications aux transports de biens et de personnes ». A partir de ce point, différents travaux scientifiques ont tenté de réaliser un consensus sur la définition du télétravail en y ajoutant différents éléments liés à la distance et au temps qui séparent le salarié de son entreprise. Le même auteur en conclut que l’absence d’une définition qui fait consensus regroupe une multitude de situations qui n’ont que peu de caractéristiques en commun. En 2012, une enquête pour le ministère de l’industrie affirmait que seulement 13% des salariés français étaient en télétravail.

En mars 2018, c’est un sondage OpinionWay qui prétend que plus des deux tiers des salariés, notamment les cadres, seraient favorables à la mise en place de cette pratique de travail dans leurs entreprises. Depuis, le confinement que nous avons vécu nous aura imposé ce mode de fonctionnement pendant plus de deux mois : Le télétravail a été mis en place très rapidement et sans préparations préalables, pour toutes les activités ou cela était possible, afin de pérenniser l’activité économique. Il a ainsi fait ses preuves sur plusieurs métiers, comme l’enseignement, la médecine, le management, les services financiers ou encore l’immobilier. Néanmoins, pour installer cette nouvelle pratique professionnelle, des adaptations de nos modes de pensées, de nos façons de manager et de notre rapport au travail sont essentielles.

Mais alors, comment l’adapter ?

Pour l’adapter, il faut avant tout une transformation sociologique dans notre relation au travail et surtout dans notre façon de contrôler le travail effectué. Plusieurs travaux scientifiques ont été mené pour identifier les nombreux freins liés à la mise en œuvre du télétravail : Le besoin de réorganiser les tâches et l’entreprise (Illegems, 2001), le besoin de créer une nouvelle culture d’entreprise nécessaire à ce nouveau mode de management (Storhaye et Bouvard, 2013), la difficulté à mettre en œuvre une gestion de l’entreprise décentralisée (Taskin, 2006) ou encore le maintien de l’esprit d’équipe (Thomsin et tremblay, 2008) qui serait voué à disparaître avec une forte distanciation sociale. Pour conserver ce lien, la pratique d’un management de proximité semble, paradoxalement, indispensable !

Le rôle du Manager

Le rôle du manager est d’organiser les moyens humains, matériels, marketing et financiers de son entreprise. C’est toute l’organisation qui lui incombe. Mais avant de modifier la structure organisationnelle pour s’adapter à ce mode de travail, il faut que le manager lui-même transforme son métier sur de l’accompagnement et du coaching à ses équipes. Le manager a, par nature, le souci de rentabiliser l’activité économique et donc le coût du travail, ce qui provoque le contrôle de la productivité et de la performance humaine. Ce contrôle est souvent ramené au canevas des 35 heures hebdomadaires.

Pour être efficace, il faut préparer l’autonomie des collaborateurs, ce qui demande une forte implication du manager au début de la mise en place du télétravail. Avant toute chose, il faut organiser les missions de son collaborateur. Les missions, par ordre de priorité, sont listées et sont planifiées avec le manager sur la semaine qui a, de fait, une vision opérationnelle de l’agenda de ses collaborateurs puisqu’il participe avec eux à l’élaboration de leurs emplois du temps. Il faut ensuite mettre en place des comptes rendus journaliers succincts mais pertinents, sur les tâches qui ont été effectuées et les tâches à faire au lendemain.

Ces traces écrites sont nécessaires : D’abord, elles permettent de contrôler que le travail a été fait et que l’entreprise avance, ensuite elle rassure le manager sur l’efficacité de ses collaborateurs. Pour que l’ensemble fonctionne, l’entreprise doit engager des coûts d’organisation, notamment d’équipements : L’acquisition d’un matériel et d’équipements informatiques portables par collaborateur, un téléphone et son abonnement pour rester joignable, probablement un abonnement internet, des logiciels métiers spécifiques à l’exercice de leurs missions, la mise en œuvre d’un accueil téléphonique décentralisé sur un téléphone portable plutôt qu’à l’entreprise etc… Ces dépenses s’apprécient au cas par cas.

Ensuite, le plus important dans une entreprise, c’est l’esprit d’équipe : Le rôle fondamental du manager pour assurer une performance collective est le maintien d’une culture d’entreprise et d’une motivation commune pour les intérêts de l’entreprise. Cela passe par un lien très fort entre l’entreprise et la considération qu’elle apporte aux collaborateurs qui sont des parties prenantes importantes de l’organisation. C’est probablement ce qui est le plus difficile à mettre en œuvre, puisque la distance détériore le lien culturel avec l’entreprise.

La bonne dose de télétravail

Nul doute, le télétravail à temps plein n’est pas une bonne idée. L’ANDRH dans une étude post-covid affirme que pour 85% des DRH interrogés (458 dans l’étude), le télétravail peut être développé de manière pérenne et 93% d’entre eux estiment que le management doit changer. Toutefois, l’étude préconise de limiter à 3 à 4 jours de télétravail par semaine afin de conserver une proximité avec son entreprise. En soi, surtout dans les TPE et PME, la proximité des uns avec les autres est nécessaire pour assurer la cohésion d’équipe et surtout perpétuer la culture d’entreprise. De plus, le télétravail à temps plein peut conduire à l’isolement et à l’enfermement. Un sondage OpinionWay pour « les Echos » a affirmé, en mai 2020, que 40% des salariés qui ont testé le télétravail seraient susceptibles de tenter de nouveau cette expérience mais de façon occasionnelle quand, pendant le confinement, 44% des sondés admettaient souffrir de cette situation de télétravail et d’enfermement. Cela confirme bien que le télétravail doit être modéré et adapté au cas par cas puisqu’il faut trouver un équilibre entre ceux qui peuvent utiliser cette façon d’exercer leur métier dans de bonnes conditions et ceux qui ne le peuvent pas, notamment parce que les conditions à domicile ne seraient pas réunies, sur un plan personnel ou numérique.

Finalement, l’efficacité du télétravail est-elle prouvée ?

Dans une étude scientifique de 2016 « le télétravail, un objet sans désir ? », les auteurs concluaient que les employeurs auraient des doutes sur l’efficacité des gains réels de la mise en place de changements organisationnels dans l’entreprise, tandis que le télétravail serait par nature limité à certaines catégories de travailleurs dont l’autonomie déjà acquise n’impliquerait aucun changement, ni dans l’équilibre d’une vie familiale ni dans un quelconque changement organisationnel. Cela rejoint les constats chiffrés qui sont réalisés après le télétravail de cette période de confinement : Selon la DARES (la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), 25% des actifs français étaient en télétravail notamment sur les activités de services financiers et d’information et communication. A titre de comparaison, la restauration ou la construction ne peuvent par nature à aucun moment « télé-travailler ». Les salariés ont donc bénéficié du recours à l’activité partielle. Ces statistiques rejoignent les conclusions des auteurs qui prétendent que finalement, les activités ou les cadres sont les plus représentées sont les plus à même à télé-travailler.

Le télétravail repose avant tout sur un mode d’organisation flexible qui nécessite d’orienter le management sur des objectifs et sur la vérification des objectifs. Il est aujourd’hui une alternative à une situation subie par les collaborateurs pour permettre d’améliorer le quotidien et de rendre plus performant ses salariés, en diminuant l’usage des transports et en limitant les temps de déplacements qui impactent la performance journalière d’un collaborateur. C’est donc une toute nouvelle façon d’appréhender le travail : Il faudra innover en matière d’organisation, valoriser les ressources humaines et les talents, privilégier une configuration d’adhocratie plutôt qu’une bureaucratie mécaniste, sortir du canevas des 35h et accepter, in fine, qu’un jeune talent Français peut vivre à l’autre bout du monde et venir travailler auprès de votre équipe le temps d’une mission…

Pour toutes ces raisons partagées, il est urgent de se doter d’un arsenal législatif et réglementaire adapté afin d’encadrer les potentielles dérives et abus que le télétravail peut engendrer. Légiférer rapidement pour un meilleur encadrement de cette pratique qui tend à se développer est fondamental.

Sebastien RISTORI
Consultant,
Enseignant en finance à l’Université de Corse,
Auteur aux éditions Ellipses

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud

Président-fondateur d’EspriTerritoires