TEMOIGNAGE – Une coordinatrice d’un centre de vaccination engagée & volontaire

Après avoir terminé mon Bachelor en Sciences (BS) à l’Université de Boston aux Etats-Unis ; je décide d’emménager à Paris, fin 2020.

Dès mon arrivée, je m’emploi à trouver un emploi dans le domaine de la Santé Publique / Médicale. Le premier emploi qui m’a été confié a été celui d’assistante médicale. Compte tenu de la crise sanitaire que nous traversons, mon rôle a rapidement évolué. J’ai été placée au centre de vaccination local du 9ème arrondissement de Paris. Face à l’augmentation du nombre de personnes souhaitant se faire vacciner, (passant de 200 à 1200 en 1 semaine), l’organisation était plus qu’essentielle ; moment particulièrement opportun pour mettre mon diplôme universitaire en pratique. J’ai donc commencé à prendre en charge l’organisation et m’assurer de la bonne marche opérationnelle du centre de vaccination auquel j’étais affecté.

Quelques mois suivants, j’ai eu l’occasion de rencontrer une personne travaillant au sein de la Mairie de Saint-Cloud. Celle-ci m’a fait savoir qu’un centre de vaccination allait ouvrir prochainement dans cette commune.

A la différence de celui du 9ème arrondissement, celui-ci a été géré par la Mairie directement. Le besoin en recrutement de professionnels issus du domaine de la Santé était bien réel. Il fallait venir renforcer les équipes sur le plan opérationnel et organisationnel. En effet, le professionnel qui gérait le centre avait des connaissances pratiques et médicales mais devait renforcer ses équipes sur les aspects organisationnels. Personne n’avait mené, avant cette pandémie, une campagne de vaccination d’une cette ampleur. L’apprentissage dans ce poste était quotidien.

Bien que n’ayant pas été spécialement formé pour ce service, mon expérience et ma formation en santé publique ont été de véritables atouts pour la gestion de ce centre de vaccination. Mes relations avec des centres médicaux et d’autres professionnels de la santé nous ont aidés à embaucher des étudiants en médecine et des professionnels pour optimiser à la fois la vitesse et la qualité du centre.

Malgré mon jeune âge, mais grâce à ma volonté de bien faire et mon engagement total, j’ai pu travailler efficacement avec la Mairie de Saint Cloud pour aider à l’organisation de ce qui a finalement été un centre de vaccination réussi, efficace et abouti. Il est très important pour l’avenir que les secteurs publics et privés coopèrent, notamment à des fins de santé publique. C’est grâce à ces systèmes de collaboration entre ces deux écosystèmes, que nous pourrons avoir les meilleurs résultats, surtout en temps de crise.

Juliette DUPERE
Experte en Santé Publique
Coordinatrice d’un Centre de Vaccination

Précarité et renoncement aux soins : une double peine pour les femmes

Les femmes sont les premières concernées par la précarité. Tant en terme de situation
économique que de conditions de travail, elles sont en première ligne de ce phénomène. En
plus des enjeux sociaux que cela représente, les femmes en situation de précarité
rencontrent de très fortes difficultés dans leur accès aux soins.

En effet, elles sont 9,5 millions chaque année à renoncer ou à reporter leurs soins. Ce
phénomène jalonne le parcours de soin : en amont avec des manquements à la prévention
(prévention des facteurs de risque, dépistages …) et en aval avec des manquement aux soins.

Cette situation est le résultat de plusieurs facteurs, financiers, culturels et sociétaux.

Afin d’apporter des solutions aux femmes concernées par ces difficultés, de nombreuses
initiatives ont vu le jour avec, à chaque fois, un axe commun à leur réussite : une approche
populationnelle et locale.


Un constat inquiétant

Selon une étude du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes (HCE), les
femmes constituent la majorité des personnes en situation de précarité, elles représentent
57% des bénéficiaires du RSA et 70% des travailleur.eure.s pauvres.

Cette précarité entraine des conséquences importantes pour la santé des femmes
concernées. En effet, elles représentent 64% des personnes ayant renoncé ou reporté leurs
soins au cours des 12 derniers mois.

Cette inégalité est une véritable menace pour la santé de ces femmes qui ont trois fois plus
de chances de décéder d’une maladie cardiovasculaire que les autres. Elles développent
d’avantages de grossesses à risque et ont un plus faible recours aux dépistages des cancers.

Le frein financier est particulièrement important. Elles appréhendent ainsi de devoir
débourser des frais pour pouvoir se faire soigner et renoncent donc à se rendre chez le
médecin.

Le manque de connaissances et d’informations sur le système de santé représente
également un frein significatif. Il y a aussi un enjeu plus large d’illettrisme et d’illéctronisme
qui implique de fortes difficultés d’utilisation des outils numériques et de gestion
administrative.

L’aspect culturel est en cause : la pudeur, les préjugés et la barrière de la langue en sont les
composants essentiels.

Enfin, la sous-dotation en médecins et notamment en spécialistes (cardiologues,
gynécologues, ophtalmologues…) sur le territoire, vient renforcer les difficultés d’accès aux
soins rencontrées par les femmes.


Quelle solution ? Des initiatives locales à approche populationnelle


De nombreuses initiatives existent avec comme objectif commun : permettre aux femmes
d’avoir un meilleur accès à la prévention et aux soins. Ces initiatives sont très variées, en
termes de typologie et de moyens. En effet, certains projets s’inscrivent dans un cadre
institutionnel fort, adossés à des structures déjà implantées et ont des ressources
importantes, tandis que d’autres fonctionnent de façon informelle et ont des moyens limités.
Mais pour toutes, l’approche populationnelle, dite « d’aller-vers » est cruciale.


Focus sur le Collectif Toutes en Santé :


Parmi ces initiatives locales et bénévoles, on trouve le Collectif Toutes en santé.

L’objectif du Collectif est d’aider et d’accompagner les femmes dans leur accès aux soins,à
travers des réunions d’information et d’échanges, au sein même de leur domicile ou dans
une antenne locale. Cette approche « d’aller-vers » permet de toucher une population qui a
réellement besoin d’un accompagnement. Il s’agit ainsi de lever les freins existants en
informant les femmes sur la gestion de leurs droits sociaux, le remboursement de soins ou
encore la familiarisation aux outils numériques.


Ces outils leur permettent ensuite de devenir autonomes dans leur parcours de soins.

Il est donc nécessaire de sensibiliser le public à ces problématiques encore peu connues,
notamment en mettant en lumières les initiatives existantes.


Cette visibilité permet de faire émerger des solutions concrètes aux difficultés rencontrées
par les femmes et de mobiliser des personnes souhaitant s’engager dans une cause qui leur
tient à cœur. Avec la crise sanitaire que nous connaissons, l’engagement citoyen apparaît
aujourd’hui plus important que jamais.

Sarah DERHY
Experte en santé publique

Fondatrice du Collectif Toutes en Santé

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires