Précarité et renoncement aux soins : une double peine pour les femmes

Les femmes sont les premières concernées par la précarité. Tant en terme de situation
économique que de conditions de travail, elles sont en première ligne de ce phénomène. En
plus des enjeux sociaux que cela représente, les femmes en situation de précarité
rencontrent de très fortes difficultés dans leur accès aux soins.

En effet, elles sont 9,5 millions chaque année à renoncer ou à reporter leurs soins. Ce
phénomène jalonne le parcours de soin : en amont avec des manquements à la prévention
(prévention des facteurs de risque, dépistages …) et en aval avec des manquement aux soins.

Cette situation est le résultat de plusieurs facteurs, financiers, culturels et sociétaux.

Afin d’apporter des solutions aux femmes concernées par ces difficultés, de nombreuses
initiatives ont vu le jour avec, à chaque fois, un axe commun à leur réussite : une approche
populationnelle et locale.


Un constat inquiétant

Selon une étude du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes (HCE), les
femmes constituent la majorité des personnes en situation de précarité, elles représentent
57% des bénéficiaires du RSA et 70% des travailleur.eure.s pauvres.

Cette précarité entraine des conséquences importantes pour la santé des femmes
concernées. En effet, elles représentent 64% des personnes ayant renoncé ou reporté leurs
soins au cours des 12 derniers mois.

Cette inégalité est une véritable menace pour la santé de ces femmes qui ont trois fois plus
de chances de décéder d’une maladie cardiovasculaire que les autres. Elles développent
d’avantages de grossesses à risque et ont un plus faible recours aux dépistages des cancers.

Le frein financier est particulièrement important. Elles appréhendent ainsi de devoir
débourser des frais pour pouvoir se faire soigner et renoncent donc à se rendre chez le
médecin.

Le manque de connaissances et d’informations sur le système de santé représente
également un frein significatif. Il y a aussi un enjeu plus large d’illettrisme et d’illéctronisme
qui implique de fortes difficultés d’utilisation des outils numériques et de gestion
administrative.

L’aspect culturel est en cause : la pudeur, les préjugés et la barrière de la langue en sont les
composants essentiels.

Enfin, la sous-dotation en médecins et notamment en spécialistes (cardiologues,
gynécologues, ophtalmologues…) sur le territoire, vient renforcer les difficultés d’accès aux
soins rencontrées par les femmes.


Quelle solution ? Des initiatives locales à approche populationnelle


De nombreuses initiatives existent avec comme objectif commun : permettre aux femmes
d’avoir un meilleur accès à la prévention et aux soins. Ces initiatives sont très variées, en
termes de typologie et de moyens. En effet, certains projets s’inscrivent dans un cadre
institutionnel fort, adossés à des structures déjà implantées et ont des ressources
importantes, tandis que d’autres fonctionnent de façon informelle et ont des moyens limités.
Mais pour toutes, l’approche populationnelle, dite « d’aller-vers » est cruciale.


Focus sur le Collectif Toutes en Santé :


Parmi ces initiatives locales et bénévoles, on trouve le Collectif Toutes en santé.

L’objectif du Collectif est d’aider et d’accompagner les femmes dans leur accès aux soins,à
travers des réunions d’information et d’échanges, au sein même de leur domicile ou dans
une antenne locale. Cette approche « d’aller-vers » permet de toucher une population qui a
réellement besoin d’un accompagnement. Il s’agit ainsi de lever les freins existants en
informant les femmes sur la gestion de leurs droits sociaux, le remboursement de soins ou
encore la familiarisation aux outils numériques.


Ces outils leur permettent ensuite de devenir autonomes dans leur parcours de soins.

Il est donc nécessaire de sensibiliser le public à ces problématiques encore peu connues,
notamment en mettant en lumières les initiatives existantes.


Cette visibilité permet de faire émerger des solutions concrètes aux difficultés rencontrées
par les femmes et de mobiliser des personnes souhaitant s’engager dans une cause qui leur
tient à cœur. Avec la crise sanitaire que nous connaissons, l’engagement citoyen apparaît
aujourd’hui plus important que jamais.

Sarah DERHY
Experte en santé publique

Fondatrice du Collectif Toutes en Santé

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires