Politique de la Ville : Quels Résultats ?

La politique de la ville, appelée aussi politique urbaine, consiste, en un ensemble d’actions de l’État français visant à revaloriser certains quartiers urbains dits « sensibles » et à réduire les inégalités sociales entre territoires. Malheureusement, la réalité des dispositifs mis en place sont souvent synonymes d’insuffisances.

En préambule, il faut d’abord faire un retour sur l’histoire de « La Politique de la Ville ». En effet la « Politique de la Ville » doit en partie son origine aux trente glorieuses et à une grande vague d’immigration venant principalement des pays du sud (Italie, Portugal, Espagne, Maghreb, Afrique de l’Ouest…) dans le but de reconstruire le pays et participer au développement industriel de la France. Cette vague migratoire s’est installée, ce qui a poussé à construire, au fil des années, de grands ensemble immobiliers (les Minguettes, le Mas du Taureau, la Grande Borne, la Cité des 3000, Villeneuve, et bien d’autres).

En 1977, commence les premiers politiques urbains tels que les réhabilitations de logements HLM (ou logements sociaux). En 1979 éclate la première émeute urbaine dans le quartier de « La Grappiniere » pour dénoncer les « contrôles aux faciès » et s’enchaine en 1981 ceux des « Minguettes » qui voit « La Marche pour l’Egalité » naitre, appelée également « La Marche des Beurs ».

Depuis 1981 un ensemble de dispositifs et de loi se mettent en place, tel que le dispositif « ville vie vacances », la création de zone d’éducation prioritaire (ZEP et depuis REP ou REP+), mais également en 1983 le lancement de la mission « banlieues 89 » par Roland Castro. En 1988 est créé la Délégation interministérielle à la ville et le Conseil national des villes. En 1990 éclate les grandes émeutes à Vaulx-en-Velin et suite au discours de François Mitterrand un ministère de la ville est créé, c’est un tournant pour la politique de la ville. Dix ans plus tard en 2000, la loi SRU est voté, qui impose un minimum de 20 % de logements sociaux dans des villes de plus de 3500 habitants, en 2003 sous Jean-Louis Borloo les premiers programme de rénovation urbaine sont votés, s’ensuit un ensemble de dispositifs qui viennent agrémenter la politique de la ville, à travers des programmes, des lois ou des dispositifs. En mars 2016, Emmanuelle Cosse avait exprimé sa volonté « d’aller plus loin pour l’égalité et l’accès au logement » confirme le renforcement des sanctions propres au dispositif SRU ou le passage de 20% à 25% de logements sociaux par commune (chiffre irréalisable pour nombre de communes françaises). En 2017 Emmanuel Macron demande un rapport à Jean-Louis Borloo sur la politique de la ville qui est balayé d’un revers de main quelques jours avant sa présentation officielle.

Les acronymes que l’on garde aujourd’hui de la politique de la ville sont ZUS (zone urbaine sensible), ZRU (zone de redynamisation urbaine), ZFU (Zone Franche Urbaine), PNRU (programme national de rénovation urbaine), NPNRU (nouveau programme de rénovation urbaine), les contrats de ville qui englobe les GPV (grand projet de ville) ORU (opération de renouvellement urbain), la GSUP (Gestion Sociale et Urbaine de Proximité) ou CUCS (contrat urbain de cohésion sociale). Des acronymes utilisés par des techniciens et qui échappent à plupart.

La problématique reste les résultats qu’ont pu obtenir ces dispositifs, ces programmes ou ces lois dans ces quartiers dit « populaires ». Le « rassemblement national » dénonce des millions versés à ces quartiers sans résultat, des élus de gauche tels que Manuel Valls ou Malek Boutih dénoncent quant à eux un « apartheid » dans ces banlieues et des collusions entre certains élus et des mouvances « d’islamo-nazis ». On entend également de la part de militants de quartiers populaires, ainsi que de responsables associatifs que ces millions sont versées à des associations qui ne font rien sur ses quartiers-là, mis à part l’engraissement financier de ces conglomérats. Ce phénomène favorise la problématique de déshumanisation des « politique de la ville ».

D’autre part, des élus et en particulier les Maires de ces quartiers estiment que ces quartiers ne sont pas suffisamment aidés et soutenus. En effet, suite à l’appel de Grigny, des Maires ont demandé plus de moyens humains et financier dans ces quartiers-là pour régler des problèmes d’insertion, de chômage, d’insécurité, de cohésion sociale et de mixité sociale.

Toutefois qu’en pense l’habitant. La plupart du temps, le simple citoyen de ces quartiers-là trouve que les politiques n’ont pas assez d’ambition pour ses habitants, d’autres part ces citoyens désertent les urnes lors des élections présidentielle, législative, européenne, municipales et régionales car ils estiment ne jamais être entendu par leurs représentants politiques. Plus encore, ils estiment être les « laissés pour compte » des politiques publiques menées depuis des décennies. Lorsque les programmes de renouvellement urbain se mettent en place, ces mêmes habitants trouvent qu’ils ne sont pas assez associés au processus, il y a certes des exemples où les habitants le sont, mais ces exemples sont rares.

Je souhaite également revenir sur un rapport porté par Mohamed Mechmache et Marie Hélène Bacque, un ensemble de 56 propositions avaient été fait pour moderniser la politique de la ville et créer plus de participation citoyenne dans l’ensemble des milieux. En effet très peu de proposition ont été retenues, alors que beaucoup de solutions auraient permis une meilleure acceptation de la politique de la ville par ses habitants. Ce rapport mérite d’être remis en exergue, avec certes des actualisations au regard du contexte actuel de la Covid-19.

Pour conclure les dispositifs de la politique de la ville sont présents pour certains avec peu d’ambition et peu de participation citoyenne pour d’autres avec des résultats probants. Il faudra faire un état des lieux complet sur l’ensemble des territoires en mettant en avant les réussites et en pointant les défaillances et travailler les solutions avec les associations de terrain et les habitants.

Jaafar GREINCH
Engagé associatif
Animateur d’émissions sur Direct Citoyens

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires

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