Numérique & Handicap : les clefs d’une inclusion réussie

Depuis une vingtaine d’années, le numérique devient omniprésent dans notre quotidien, avec des avancées technologiques incessantes. Les smartphones sont de plus en plus sophistiqués, les ordinateurs portables ont souvent remplacé les tours informatiques de bureau, l’accès à l’internet très haut débit s’étend petit à petit sur nos territoires, grâce à la fibre optique.

Pourtant, notre pays doit encore rattraper son retard et accélérer sa transition numérique, tant sur le plan économique que social. L’accessibilité numérique en est un enjeu primordial qui doit s’adresser à tous, avec de réelles solutions innovantes, notamment pour les personnes en situation de handicap.

Environ 12 millions de Français sont touchés par un handicap. Le développement numérique peut être un outil formidable pour ces personnes, en matière d’accès à la formation, aux services publics, à la culture ; le moyen d’acquérir plus d’autonomie, de se connecter aux autres, de sortir de l’isolement, autant de bienfaits pour maintenir ou créer le lien social le plus épanouissant possible.

Mais cette opportunité est souvent contrariée par la non-accessibilité du numérique qui accentue plutôt le handicap. Le Conseil National du Numérique (CNNum), de février 2019 à janvier 2020, a donc étudié les moyens d’améliorer cette accessibilité pour les personnes en situation de handicap ou en perte d’autonomie, au niveau :

– des services publics numériques

– des contenus audiovisuels

– des ressources pédagogiques numériques

– du développement des métiers de l’accessibilité numérique

– de l’innovation et de la recherche dans ce domaine

– de la conception de produits et services numériques adaptés aux valeurs d’égalité, de non-discrimination, de vie privée, de sobriété numérique.

Toutes ces solutions sont essentielles pour les personnes en situation de handicap, mais aussi pour les personnes âgées dont les capacités diminuent au fil des ans. Les handicaps sont multiples : physiques et sensoriels, intellectuels, cognitifs, psychiques, polyhandicaps (handicap moteur et handicap mental).

Des techniques adaptées peuvent être mises en place :

– pour des personnes en situation de déficiences motrices qui ne peuvent utiliser un clavier ou une souris, des systèmes d’«eyes tracking», de suivi des yeux, permettent de remplacer la souris par les mouvements des yeux ;

– pour les personnes en situation de déficiences visuelles, des logiciels de grossissement ont été mis au point, des plages et bloc-notes braille dotés d’une synthèse vocale permettent de naviguer sur internet, en lecture et en écriture ;

– pour les personnes en situation de déficiences auditives, des applications utilisant la reconnaissance vocale transforment la voix en texte écrit ;

– pour les personnes en situation de troubles intellectuels qui rencontrent des difficultés de compréhension de textes, le français Facile A Lire et à Comprendre (FALC) a fait l’objet d’une création de logiciel de traduction qui simplifie le contenu du texte.

Tous ces progrès technologiques doivent être proposés lors d’accompagnements personnalisés, par des intervenants possédant une bonne connaissance de ces matériels spécifiques à adapter selon les besoins et les différentes situations de handicap. La facilitation de l’adoption de ces solutions doit être encouragé au niveau étatique par un soutien régalien et des dispositions gouvernementales concrètes facilitant la mise en place de ces pratiques.

Sur le plan pécuniaire, il est important de proposer des formations ou aides techniques gratuites ou à coût modéré, d’aider à l’acquisition de ces nouvelles technologies souvent coûteuses et d’obtenir des tarifs préférentiels pour l’accès internet.

Enfin, l’accessibilité numérique a fait l’objet d’une loi le 11 février 2005 ; son article 47 en vigueur de 2005 à 2016, visait uniquement le secteur public. Le 9 octobre 2016, la loi pour une République Numérique a été votée. L’article 106 renforçait les obligations légales par une extension du champ d’application au privé.

Une Directive européenne publiée le 26 octobre 2016 a édicté de nouvelles obligations : tous les sites internet et applications mobiles des organismes publics devront être rendus accessibles à tous. Cette directive permettra à plus de 80 millions de personnes en situation de handicap dans l’Union Européenne de bénéficier, comme tout citoyen européen, «de services et d’informations qui facilitent la vie et l’exercice de leurs droits dans l’Union».

A l’heure actuelle, l’accessibilité numérique n’est pas encore flagrante partout. Beaucoup de progrès restent à accomplir, mais l’on note que chez les jeunes générations, les entreprises émergentes et les start-ups (civitech, etc.) intègrent l’accessibilité dès la naissance de leur projet et favorise le développement d’une société plus inclusive.

Ainsi, la démarche deviendra à terme, naturelle.

Corinne MAYEUX
Animatrice numérique
Saint-Jean Pied de Port
Pyrénées-Atlantiques

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires

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