Précarité et renoncement aux soins : une double peine pour les femmes

Les femmes sont les premières concernées par la précarité. Tant en terme de situation
économique que de conditions de travail, elles sont en première ligne de ce phénomène. En
plus des enjeux sociaux que cela représente, les femmes en situation de précarité
rencontrent de très fortes difficultés dans leur accès aux soins.

En effet, elles sont 9,5 millions chaque année à renoncer ou à reporter leurs soins. Ce
phénomène jalonne le parcours de soin : en amont avec des manquements à la prévention
(prévention des facteurs de risque, dépistages …) et en aval avec des manquement aux soins.

Cette situation est le résultat de plusieurs facteurs, financiers, culturels et sociétaux.

Afin d’apporter des solutions aux femmes concernées par ces difficultés, de nombreuses
initiatives ont vu le jour avec, à chaque fois, un axe commun à leur réussite : une approche
populationnelle et locale.


Un constat inquiétant

Selon une étude du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes (HCE), les
femmes constituent la majorité des personnes en situation de précarité, elles représentent
57% des bénéficiaires du RSA et 70% des travailleur.eure.s pauvres.

Cette précarité entraine des conséquences importantes pour la santé des femmes
concernées. En effet, elles représentent 64% des personnes ayant renoncé ou reporté leurs
soins au cours des 12 derniers mois.

Cette inégalité est une véritable menace pour la santé de ces femmes qui ont trois fois plus
de chances de décéder d’une maladie cardiovasculaire que les autres. Elles développent
d’avantages de grossesses à risque et ont un plus faible recours aux dépistages des cancers.

Le frein financier est particulièrement important. Elles appréhendent ainsi de devoir
débourser des frais pour pouvoir se faire soigner et renoncent donc à se rendre chez le
médecin.

Le manque de connaissances et d’informations sur le système de santé représente
également un frein significatif. Il y a aussi un enjeu plus large d’illettrisme et d’illéctronisme
qui implique de fortes difficultés d’utilisation des outils numériques et de gestion
administrative.

L’aspect culturel est en cause : la pudeur, les préjugés et la barrière de la langue en sont les
composants essentiels.

Enfin, la sous-dotation en médecins et notamment en spécialistes (cardiologues,
gynécologues, ophtalmologues…) sur le territoire, vient renforcer les difficultés d’accès aux
soins rencontrées par les femmes.


Quelle solution ? Des initiatives locales à approche populationnelle


De nombreuses initiatives existent avec comme objectif commun : permettre aux femmes
d’avoir un meilleur accès à la prévention et aux soins. Ces initiatives sont très variées, en
termes de typologie et de moyens. En effet, certains projets s’inscrivent dans un cadre
institutionnel fort, adossés à des structures déjà implantées et ont des ressources
importantes, tandis que d’autres fonctionnent de façon informelle et ont des moyens limités.
Mais pour toutes, l’approche populationnelle, dite « d’aller-vers » est cruciale.


Focus sur le Collectif Toutes en Santé :


Parmi ces initiatives locales et bénévoles, on trouve le Collectif Toutes en santé.

L’objectif du Collectif est d’aider et d’accompagner les femmes dans leur accès aux soins,à
travers des réunions d’information et d’échanges, au sein même de leur domicile ou dans
une antenne locale. Cette approche « d’aller-vers » permet de toucher une population qui a
réellement besoin d’un accompagnement. Il s’agit ainsi de lever les freins existants en
informant les femmes sur la gestion de leurs droits sociaux, le remboursement de soins ou
encore la familiarisation aux outils numériques.


Ces outils leur permettent ensuite de devenir autonomes dans leur parcours de soins.

Il est donc nécessaire de sensibiliser le public à ces problématiques encore peu connues,
notamment en mettant en lumières les initiatives existantes.


Cette visibilité permet de faire émerger des solutions concrètes aux difficultés rencontrées
par les femmes et de mobiliser des personnes souhaitant s’engager dans une cause qui leur
tient à cœur. Avec la crise sanitaire que nous connaissons, l’engagement citoyen apparaît
aujourd’hui plus important que jamais.

Sarah DERHY
Experte en santé publique

Fondatrice du Collectif Toutes en Santé

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires










Vivre en Ville | Métropole du Grand Paris

Chantier urbain initié en 2007 par le Président de la République Nicolas Sarkozy, le projet a pour objectif de faire de Paris une ville monde du XXIe siècle.

L’extension urbaine de Paris passe par l’amélioration du cadre de vie des habitants, une ville durable, et une meilleure homogénéité sociale.

35 Milliards d’euros ont été investis dans ce projet qui, par une coopération stratégique entre l’Etat et les collectivités territoriales constante, vise à renouveler le réseau de transports publics, accroitre le développement économique de chaque territoire, accroitre la qualité et la quantité des habitations, renforcer le réseau culturel et universitaire de la métropole, mais aussi promouvoir les activités sportives et rendre à l’environnement son rôle fondamental dans les sociétés humaines. 

Le Grand Paris n’est pas une méthode d’uniformisation urbaine, au contraire, c’est une possibilité d’affirmation et de différenciation des territoires de la petite couronne parisienne.

Le Grand Paris en quelques chiffres

– 1 projet urbain, social et économique, dont les fondements reposent sur la création d’un nouveau réseau de transports publics : le Grand Paris Express
– 10 territoires avec leurs spécificités (les « clusters »)
– 7 pôles stratégiques, sur lesquels portent 22 Contrats de Développement Territorial
– Un objectif de 70 000 logements neufs par an
– 1 métro automatique en rocade autour de Paris
– Plus de 200 kilomètres de réseau, soit autant que le réseau du métro parisien
– 2 millions de voyageurs emprunteront chaque jour ce nouveau réseau
– Plus de 35 milliards d’euros d’investissement en 20 ans
– 1 maître d’ouvrage : la Société du Grand Paris
– 1 instance de gouvernance : la Métropole du Grand Paris

Mieux se loger

A Paris, pour un prix moyen de 10.000 € /m² au 3e trimestre 2018, plus d’1 arrondissement sur 2 affiche un prix au m² à plus de 10 000 €. Devenir propriétaire à Paris est devenu une difficulté majeure.

Ainsi, le Grand Paris est une opportunité formidable pour les jeunes actifs et primo-accédants puisque les prix au m² sont jusqu’à 55% moins chers de l’autre coté du périphérique.

5 Villes voient les prix immobiliers exploser :
– Rueil-Malmaison
– Levallois-Perret
– Montreuil
– Asnières-sur-Seine
– Issy-les-Moulineaux

Certaines villes sont 20 à 40% moins chères que Paris : 
– Clichy-sur-Seine
– Vanves
– Montrouge
– Le Kremlin Bicêtre
– Charenton-le-Pont
– Montreuil
– Les Lilas
– Le Pré-Saint-Gervais
– Pantin

D’autres villes sont de 40 à 55% moins chères que Paris au m² :
– Gentilly
– Malakoff
– Saint-Ouen
– Saint-Denis
– Aubervilliers
– Bagnolet
– Ivry-sur-Seine
– Vitry-sur-Seine

Se déplacer : Le Grand Paris Express

Le Grand Paris Express va doubler le réseau ferré d’Ile de France.  Ce réseau de transport électrique va rajouter 200 Km de lignes automatiques et de 68 nouvelles gares au maillage actuel. 4 nouvelles lignes vont voir le jour (15, 16, 17 et 18) et la ligne 14 va être prolongée. Un réseau ferré cohérent qui permet de se déplacer, plus rapidement et avec plus de possibilités, de la périphérie au centre, mais aussi entre les périphéries. Ce nouveau réseau va mieux relier les grands pôles d’activités et les 7 pôles de compétitivité. Par ailleurs, les nouveaux modes de déplacement urbain, à l’instar des trottinettes électriques en libre-service ou encore des SeaBubbles, doivent être une invitation à rendre la ville plus chaleureuse.

S’apparenter

Le Grand Paris c’est aussi l’identités des villes qui se transforment avec la construction de nouvelles infrastructures et d’éco-quartiers.

Certains territoires vont êtres plus axés sur le sport alors que d’autres vont êtres davantage orientés vers les activités culturelles ou les espaces naturels. Le Grand paris ce sera au total 10 500 équipements sportifs, dont 1900 accès supplémentaires. 315 équipements extérieurs en accès libre, 491 salles publiques de pratiques collectives, 228 courts de tennis publics ou encore 52 piscines.

Certains territoires excentrés réhabilitent leur patrimoine local & d’autres rendent plus accessibles les arts contemporains :

Du Théatre de Meaux, au Chateau d’Ecouen en passant par l’abbaye de Maubuisson, vous pourrez redécouvrir l’histoire de France, tandis qu’en allant faire un tour du coté de la gare de Châtillon-Montrouge ou de la gare de Bry-Villiers-Champigny, vous pourrez découvrir la nouvelle architecture visant à optimiser l’utilisation de la lumière solaire.

De même, vous pourrez découvrir le street art et de nouvelles tendances design en allant vous promenez le long du sentier-galerie d’art à ciel ouvert qui traversera Arcueil, Gentilly, Ivry-sur Seine, Vitry-sur-Seine et le 13e arrondissement de Paris.

Les industries culturelles du Grand Paris sont très diverses: Cinéma, Gastronomie, Jeux Vidéo, Livre ou Patrimoine. Le Grand Paris s’annonce également être la fin du métro-boulot-dodo et l’essor des Smart City, des espaces de co-working et des agoras locales.

Valoriser les territoires :

Afin de rendre les territoires plus attractifs, le Grand Paris prévoit 7 pôles de compétitivités thématiques (« clusters ») :

Roissy-Charles-de-Gaulle – Pôle des échanges internationaux et de l’évènementiel
Le Plateau de Saclay – Pôle de l’Innovation et de la Recherche
Villejuif – Evry – Pôle de la Santé
Plaine Commune – Pôle de la création
La Défense – Pôle de la finance
Le Bourget – Pôle Aéronautique
Marne la Vallée – Pôle de la Ville Durable

Jordan MSIHID
Fondateur de Citizens immobilier

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires

Numérique & Handicap : les clefs d’une inclusion réussie

Depuis une vingtaine d’années, le numérique devient omniprésent dans notre quotidien, avec des avancées technologiques incessantes. Les smartphones sont de plus en plus sophistiqués, les ordinateurs portables ont souvent remplacé les tours informatiques de bureau, l’accès à l’internet très haut débit s’étend petit à petit sur nos territoires, grâce à la fibre optique.

Pourtant, notre pays doit encore rattraper son retard et accélérer sa transition numérique, tant sur le plan économique que social. L’accessibilité numérique en est un enjeu primordial qui doit s’adresser à tous, avec de réelles solutions innovantes, notamment pour les personnes en situation de handicap.

Environ 12 millions de Français sont touchés par un handicap. Le développement numérique peut être un outil formidable pour ces personnes, en matière d’accès à la formation, aux services publics, à la culture ; le moyen d’acquérir plus d’autonomie, de se connecter aux autres, de sortir de l’isolement, autant de bienfaits pour maintenir ou créer le lien social le plus épanouissant possible.

Mais cette opportunité est souvent contrariée par la non-accessibilité du numérique qui accentue plutôt le handicap. Le Conseil National du Numérique (CNNum), de février 2019 à janvier 2020, a donc étudié les moyens d’améliorer cette accessibilité pour les personnes en situation de handicap ou en perte d’autonomie, au niveau :

– des services publics numériques

– des contenus audiovisuels

– des ressources pédagogiques numériques

– du développement des métiers de l’accessibilité numérique

– de l’innovation et de la recherche dans ce domaine

– de la conception de produits et services numériques adaptés aux valeurs d’égalité, de non-discrimination, de vie privée, de sobriété numérique.

Toutes ces solutions sont essentielles pour les personnes en situation de handicap, mais aussi pour les personnes âgées dont les capacités diminuent au fil des ans. Les handicaps sont multiples : physiques et sensoriels, intellectuels, cognitifs, psychiques, polyhandicaps (handicap moteur et handicap mental).

Des techniques adaptées peuvent être mises en place :

– pour des personnes en situation de déficiences motrices qui ne peuvent utiliser un clavier ou une souris, des systèmes d’«eyes tracking», de suivi des yeux, permettent de remplacer la souris par les mouvements des yeux ;

– pour les personnes en situation de déficiences visuelles, des logiciels de grossissement ont été mis au point, des plages et bloc-notes braille dotés d’une synthèse vocale permettent de naviguer sur internet, en lecture et en écriture ;

– pour les personnes en situation de déficiences auditives, des applications utilisant la reconnaissance vocale transforment la voix en texte écrit ;

– pour les personnes en situation de troubles intellectuels qui rencontrent des difficultés de compréhension de textes, le français Facile A Lire et à Comprendre (FALC) a fait l’objet d’une création de logiciel de traduction qui simplifie le contenu du texte.

Tous ces progrès technologiques doivent être proposés lors d’accompagnements personnalisés, par des intervenants possédant une bonne connaissance de ces matériels spécifiques à adapter selon les besoins et les différentes situations de handicap. La facilitation de l’adoption de ces solutions doit être encouragé au niveau étatique par un soutien régalien et des dispositions gouvernementales concrètes facilitant la mise en place de ces pratiques.

Sur le plan pécuniaire, il est important de proposer des formations ou aides techniques gratuites ou à coût modéré, d’aider à l’acquisition de ces nouvelles technologies souvent coûteuses et d’obtenir des tarifs préférentiels pour l’accès internet.

Enfin, l’accessibilité numérique a fait l’objet d’une loi le 11 février 2005 ; son article 47 en vigueur de 2005 à 2016, visait uniquement le secteur public. Le 9 octobre 2016, la loi pour une République Numérique a été votée. L’article 106 renforçait les obligations légales par une extension du champ d’application au privé.

Une Directive européenne publiée le 26 octobre 2016 a édicté de nouvelles obligations : tous les sites internet et applications mobiles des organismes publics devront être rendus accessibles à tous. Cette directive permettra à plus de 80 millions de personnes en situation de handicap dans l’Union Européenne de bénéficier, comme tout citoyen européen, «de services et d’informations qui facilitent la vie et l’exercice de leurs droits dans l’Union».

A l’heure actuelle, l’accessibilité numérique n’est pas encore flagrante partout. Beaucoup de progrès restent à accomplir, mais l’on note que chez les jeunes générations, les entreprises émergentes et les start-ups (civitech, etc.) intègrent l’accessibilité dès la naissance de leur projet et favorise le développement d’une société plus inclusive.

Ainsi, la démarche deviendra à terme, naturelle.

Corinne MAYEUX
Animatrice numérique
Saint-Jean Pied de Port
Pyrénées-Atlantiques

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires

Politique de la Ville : Quels Résultats ?

La politique de la ville, appelée aussi politique urbaine, consiste, en un ensemble d’actions de l’État français visant à revaloriser certains quartiers urbains dits « sensibles » et à réduire les inégalités sociales entre territoires. Malheureusement, la réalité des dispositifs mis en place sont souvent synonymes d’insuffisances.

En préambule, il faut d’abord faire un retour sur l’histoire de « La Politique de la Ville ». En effet la « Politique de la Ville » doit en partie son origine aux trente glorieuses et à une grande vague d’immigration venant principalement des pays du sud (Italie, Portugal, Espagne, Maghreb, Afrique de l’Ouest…) dans le but de reconstruire le pays et participer au développement industriel de la France. Cette vague migratoire s’est installée, ce qui a poussé à construire, au fil des années, de grands ensemble immobiliers (les Minguettes, le Mas du Taureau, la Grande Borne, la Cité des 3000, Villeneuve, et bien d’autres).

En 1977, commence les premiers politiques urbains tels que les réhabilitations de logements HLM (ou logements sociaux). En 1979 éclate la première émeute urbaine dans le quartier de « La Grappiniere » pour dénoncer les « contrôles aux faciès » et s’enchaine en 1981 ceux des « Minguettes » qui voit « La Marche pour l’Egalité » naitre, appelée également « La Marche des Beurs ».

Depuis 1981 un ensemble de dispositifs et de loi se mettent en place, tel que le dispositif « ville vie vacances », la création de zone d’éducation prioritaire (ZEP et depuis REP ou REP+), mais également en 1983 le lancement de la mission « banlieues 89 » par Roland Castro. En 1988 est créé la Délégation interministérielle à la ville et le Conseil national des villes. En 1990 éclate les grandes émeutes à Vaulx-en-Velin et suite au discours de François Mitterrand un ministère de la ville est créé, c’est un tournant pour la politique de la ville. Dix ans plus tard en 2000, la loi SRU est voté, qui impose un minimum de 20 % de logements sociaux dans des villes de plus de 3500 habitants, en 2003 sous Jean-Louis Borloo les premiers programme de rénovation urbaine sont votés, s’ensuit un ensemble de dispositifs qui viennent agrémenter la politique de la ville, à travers des programmes, des lois ou des dispositifs. En mars 2016, Emmanuelle Cosse avait exprimé sa volonté « d’aller plus loin pour l’égalité et l’accès au logement » confirme le renforcement des sanctions propres au dispositif SRU ou le passage de 20% à 25% de logements sociaux par commune (chiffre irréalisable pour nombre de communes françaises). En 2017 Emmanuel Macron demande un rapport à Jean-Louis Borloo sur la politique de la ville qui est balayé d’un revers de main quelques jours avant sa présentation officielle.

Les acronymes que l’on garde aujourd’hui de la politique de la ville sont ZUS (zone urbaine sensible), ZRU (zone de redynamisation urbaine), ZFU (Zone Franche Urbaine), PNRU (programme national de rénovation urbaine), NPNRU (nouveau programme de rénovation urbaine), les contrats de ville qui englobe les GPV (grand projet de ville) ORU (opération de renouvellement urbain), la GSUP (Gestion Sociale et Urbaine de Proximité) ou CUCS (contrat urbain de cohésion sociale). Des acronymes utilisés par des techniciens et qui échappent à plupart.

La problématique reste les résultats qu’ont pu obtenir ces dispositifs, ces programmes ou ces lois dans ces quartiers dit « populaires ». Le « rassemblement national » dénonce des millions versés à ces quartiers sans résultat, des élus de gauche tels que Manuel Valls ou Malek Boutih dénoncent quant à eux un « apartheid » dans ces banlieues et des collusions entre certains élus et des mouvances « d’islamo-nazis ». On entend également de la part de militants de quartiers populaires, ainsi que de responsables associatifs que ces millions sont versées à des associations qui ne font rien sur ses quartiers-là, mis à part l’engraissement financier de ces conglomérats. Ce phénomène favorise la problématique de déshumanisation des « politique de la ville ».

D’autre part, des élus et en particulier les Maires de ces quartiers estiment que ces quartiers ne sont pas suffisamment aidés et soutenus. En effet, suite à l’appel de Grigny, des Maires ont demandé plus de moyens humains et financier dans ces quartiers-là pour régler des problèmes d’insertion, de chômage, d’insécurité, de cohésion sociale et de mixité sociale.

Toutefois qu’en pense l’habitant. La plupart du temps, le simple citoyen de ces quartiers-là trouve que les politiques n’ont pas assez d’ambition pour ses habitants, d’autres part ces citoyens désertent les urnes lors des élections présidentielle, législative, européenne, municipales et régionales car ils estiment ne jamais être entendu par leurs représentants politiques. Plus encore, ils estiment être les « laissés pour compte » des politiques publiques menées depuis des décennies. Lorsque les programmes de renouvellement urbain se mettent en place, ces mêmes habitants trouvent qu’ils ne sont pas assez associés au processus, il y a certes des exemples où les habitants le sont, mais ces exemples sont rares.

Je souhaite également revenir sur un rapport porté par Mohamed Mechmache et Marie Hélène Bacque, un ensemble de 56 propositions avaient été fait pour moderniser la politique de la ville et créer plus de participation citoyenne dans l’ensemble des milieux. En effet très peu de proposition ont été retenues, alors que beaucoup de solutions auraient permis une meilleure acceptation de la politique de la ville par ses habitants. Ce rapport mérite d’être remis en exergue, avec certes des actualisations au regard du contexte actuel de la Covid-19.

Pour conclure les dispositifs de la politique de la ville sont présents pour certains avec peu d’ambition et peu de participation citoyenne pour d’autres avec des résultats probants. Il faudra faire un état des lieux complet sur l’ensemble des territoires en mettant en avant les réussites et en pointant les défaillances et travailler les solutions avec les associations de terrain et les habitants.

Jaafar GREINCH
Engagé associatif
Animateur d’émissions sur Direct Citoyens

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires

Le secteur de l’hôtellerie – restauration face à la crise Covid 19

Le secteur de l’hôtellerie-restaurant est décimé par la crise du Covid19, cela s’explique en partie par la dureté des mesures sanitaires mise en place pour tenter d’endiguer la transmission du virus.

A noter tout d’abord que depuis le 17 mars 2020, avec les différents couvre-feu et confinement, les Cafés – Hôtels et Restaurants ont eu l’obligation de renoncer à l’accueil du public et ont dû adapter leurs pratiques. Certains préfèrent rester tout simplement fermé sans chercher de solutions de substitution. Soit en raison du fait qu’ouvrir pour les commandes coûtent plus cher que de rester fermé ou bien alors car leurs cuisines ne se prêtent pas au click and collect / livraison. Ce premier cas de figure peut se présenter pour un établissement dans un quartier de bureau car avec le télétravail et les clients ne se déplacent plus il y a moins de passage.

En réalité, il n’y a jamais eu d’obligation de « fermer » à proprement parler mais une interdiction de recevoir du public dans des conditions strictes comme en août et octobre 2020 pour les restaurants et cafés.

Pour le secteur de l’Hôtellerie-Restauration le souci n’est pas tant de savoir s’ils ont le droit de rester ouvert avec des conditions strictes mais plutôt de savoir quand et comment l’accueil des clients sera possible. Il s’agit là du sujet de discorde principal aujourd’hui avec les pouvoirs publics. D’un côté les hôtels peuvent accueillir le public en sécurité en suivant un protocole sanitaire strict (room service, gel hydroalcoolique à l’entrée des établissements et dans les chambres) et de l’autre, le gouvernement a décidé de faire au plus simple en empêchant la réception de la clientèle pour une durée indéterminée dans les Cafés et Restaurants. Une forme de paradoxe s’installe et l’incompréhension est de mise.

La réouverture était prévue pour le 20 janvier 2021 pour les restaurants mais cela a été reporté à une date ultérieure qui pourrait être dans le courant du mois d’avril. Pour les établissements dont la principale source de revenu n’est pas l’alimentation (les bars), c’est encore plus flou puisqu’il n’y a aucune date de prévu.

Quid des aides pour affronter la situation ?

En restant fermé il n’y a pas de vente (sauf le « à emporter » qui ne couvre pas l’ensemble du chiffre d’affaires habituel de ces établissements) et donc il est acquis de tout le monde que sans vente il n’y a pas de chiffres d’affaires, mais les charges (loyers- eaux – électricités – gaz) et emprunts bancaires, eux, courent bien toujours ou sont, au mieux, reporter.

Les entreprises qui ne sont pas fermées mais qui ont perdu au moins 50 % de leur chiffre d’affaires peuvent bénéficier de l’aide jusqu’à 10.000€, ou d’une indemnisation de 15 % du chiffre d’affaires mensuel, via le fonds de solidarité.

L’indemnisation peut être portée à 20 % du chiffre d’affaires pour les entreprises de ce secteur qui ont perdu 70 % de leur chiffre d’affaires. L’entreprise ne doit pas avoir plus de 20 salariés et faire un maximum de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Cela ne semble pas satisfaire pas tout le monde, l’inverse aurait été étonnant.

Des chefs d’entreprises se plaignent que l’aide de 10.000€ ne suffise pas. Il ne faudrait pas de plafond à cette aide. Un établissement faisant 1 million d’euros de chiffre d’affaires annuel et qui est éligible à l’aide ne se verra indemniser que de 10.000€ au maximum. Un établissement indépendant, ne rentrant dans aucune de ces cases n’aura le droit à aucune aide. Le « quoi qu’il en coute » aura peut-être servi à limiter la casse mais il semble commencer à trouver ses limites aujourd’hui.

Comment vont-ils s’en sortir ?

D’autres aides existent sous forme d’exonération, par exemple le loyer est annulé durant la fermeture administrative pour les TPE et PME . Il y a également une exonération de cotisations sociales qui s’appliquera aux TPE et aux PME de ces secteurs pendant la période de fermeture. Elle s’appliquera automatiquement à toutes ces entreprises, qu’elles aient déjà acquitté ou non leurs cotisations. Mais les entreprises de taille intermédiaire et les grandes entreprises de ces secteurs ne bénéficiant pas de l’exonération automatique pourront obtenir des étalements longs des charges sociales et fiscales reportées et, au cas par cas, solliciter des annulations de dette en fonction de leur situation financière.

On voit donc que le gouvernement met en place des aides financières pour tenter de maintenir l’économie à flot et garder ce fleuron de l’économie française, de la culture et de la renommée du pays.

N’oublions pas qu’après les attentats de 2015 à Paris, le nombre de touristes n’a cessé de grandir en France pour battre en 2017 et 2018 des records. Le premiers trimestre 2019 était sur les bases d’un nouveau record bien que le pays ait été fermé début mars 2020.

Concernant l’hôtellerie qui reste ouvert le secteur rivalise d’idées pour attirer les clients avec un protocole sanitaire strict.

Certains louent la chambre à l’heure pour faire du télétravail hors de chez soi, ou faire des réunions comme au café et garder des habitudes anciennes. Le lit est par exemple enlevé pour limiter le travail du personnel nettoyant. Enfin pour les nostalgiques du grand écran un hôtelier parisien offre la possibilité à quiconque de louer une chambre pour regarder un film confortablement installé.

En conclusion, il est aujourd’hui très compliqué de savoir quand les restaurants et cafés rouvriront. Encore plus compliqué de savoir quand les conditions d’ouverture redeviendront comme avant. Mais une chose est certaine : continuez d’aller chez votre restaurateur favori lui commander des plats à emporter, continuez d’aller dans des hôtels mais réservez en direct et non pas sur les sites de réservations d’hôtels qui appliquent des commissions importantes (15 voir 20% selon l’hôtel), continuez de rêver et protégez-vous contre la Covid en respectant les gestes barrières car sans cela il ne sera pas possible de débattre de choses futiles ou utiles de sitôt dans notre bar – restaurant – hôtel favori jusqu’à pas d’heure, comme avant.

Sebastien GARCIA
Chef de rang Bristol

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires

Le Paradoxe de la Densification

Depuis quelques mois maintenant qu’a eu lieu le premier confinement, on ne compte plus les innombrables unes qui paraissent dans la presse écrite ou en ligne, généraliste ou spécialisée, sur les envies de campagne des parisiens et plus globalement des habitants de la métropole. Après le fameux exode rural qui a eu lieu depuis la moitié du XIXème siècle jusqu’au XXème dans notre pays, il semble que la crise ait mis le feu aux poudres d’un nouvel exode, mais citadin celui-ci. Il suffit justement de taper les mots-clés Exode citadin dans n’importe quel moteur de recherche pour se rendre compte du phénomène qui est en train de se produire : Ces citadins qui veulent s’installer à la campagne après le confinement titre le Figaro, Face au Covid-19, ces citadins qui font le choix de la campagne abondent Les Echos, Va-t-on vers un exode urbain ? s’interroge pour sa part France Culture. Alors que l’exode rural poussait les paysans vers les villes dans un espoir notamment d’amélioration des conditions de vie, l’ironie veut que leurs descendants fassent maintenant le chemin inverse pour le même motif.

Toutefois, bien que cette crise sanitaire ait servi d’événement déclencheur pour de nombreuses prises de conscience, l’aspiration à la province était déjà bien présente auparavant. Déjà, en 2018, un sondage de l’institut OpinionWay indiquait que 55% des 28-45 ans songeaient à y déménager. Ce sont près de 70% d’entre eux qui envisageaient de le faire dans un délai de 5 ans. Du côté du site de recrutement cadremploi, qui interroge tous les ans les cadres sur leurs velléités de départ de région parisienne, le constat est sans appel : 8 cadres sur 10 sont prêts à quitter Paris pour une ville moyenne ou une autre métropole (2019). Ces chiffres sont accablants et ne permettent d’aboutir qu’à une seule conclusion : le modèle de développement des villes d’Île de France ne convient plus à ses habitants qui ne s’y épanouissent pas.

Mais ce modèle, quel est-il ?

D’un point de vue juridique, le développement de la région est principalement régi par la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris. Ce projet porte un double enjeu à la fois national mais également international. International par la volonté qu’il porte de maintenir, voire de renforcer, la position de Paris et sa région au sein des métropoles les plus attractives à l’échelle mondiale. Du point de vue national, l’enjeu était de construire une cohésion plus importante entre les territoires en les reliant davantage entre eux (d’où la construction de lignes de transports en commun supplémentaires), et en construisant une offre supplémentaire de logements. Là encore, ironie de l’histoire d’un pays qui prêche à tout va la décentralisation tout en donnant à une région les moyens d’un développement qui décrochera les toutes les autres, mais passons.
L’article 1 de la loi de 2010 stipule l’exigence faite aux communes de construire tous les ans 70 000 logements supplémentaires dans la région tout en maîtrisant l’étalement urbain. Comprenez donc en hauteur, ce qui entraîne une densité croissante. Dans sa volonté de sur-densifier la région, le législateur n’a pas anticipé les effets secondaires de la sur-densification, et les conséquences de celle-ci. Il ne suffit pas de construire à volonté des logements pour que des ménages acceptent de s’y installer. Il faut que le cadre de vie offert soit à la hauteur des aspirations liées à l’époque.

Autrement, il n’est pas dit que la population augmentera avec l’offre supplémentaires de logements. Selon l’Insee, entre 2012 et 2017, donc après l’entrée en vigueur de la loi, 26 698 logements supplémentaires ont été construits à Paris. Dans le même temps, la ville perdait 53 000 habitants. Dure réalité que celle de la main invisible qui s’impose une fois de plus à la bureaucratie d’Etat : les Parisiens n’acceptent donc pas d’être entassés les uns sur les autres dans des cages à lapins et quittent la ville.

En plus, le développement du télétravail incite les entreprises à reprendre et à approfondir le mouvement de revue de leurs politiques immobilières, qu’elles avaient pour certaines entamé avant la crise. Les mètres carrés coûtent aussi cher pour les entreprises que pour les particuliers, sinon plus dans le cadre de certaines zones d’activité telles que la défense, et l’immobilier est un levier permettant d’économiser facilement sans avoir à recourir aux coupes dans les effectifs. Si elle venait à s’approfondir et à se généraliser, cette réflexion pourrait à terme libérer dans les villes des espaces jusqu’à présent occupés par de l’immobilier de bureaux. Elle mettrait également un frein au schéma traditionnel de développement économique qui voulait que les villes attirassent les sociétés et sièges sociaux en nombre pour y trouver les moyens du financement de leurs services.

Le paradoxe de la politique néfaste de sur-densification induite par la loi de 2010 est qu’elle s’impose aux maires qui doivent de plus en plus adopter une posture d’équilibriste entre les exigences de construction imposées par la loi, et des électeurs de plus en plus mécontents face à cette sur-densification. Un certain nombre d’entre eux s’est retrouvé en porte-à-faux et a subi les critiques liées à la disparition de quartiers pavillonnaires anciens. Nombre d’associations locales se constituent pour faire face à ces grands travaux qui perturbent la tranquillité des voisinages et détruisent le patrimoine régional. Le résultat a été que lors des municipales 2020, le mot « vivre » était parmi les plus utilisés au niveau national comme au niveau régional dans les noms de listes, et était souvent précédé de « bien ». Comme un cri du cœur de citoyens face à la densification à grande vitesse de leurs communes.

Quel nouveau modèle de développement pour les villes en Île de France ?

Nous vivons dans une époque où les grandes entreprises qui prospèrent, GAFAM en tête, ont pour point commun d’avoir mis le consommateur au cœur de leurs stratégies. Elles ont développé leurs offres autour de lui, et les adaptent toujours plus à ses attentes. Sans pour autant tomber dans un rapport prestataire/client, cette approche dite « customer-centric » doit inspirer nos villes dans le développement de nouveaux modèles « citizen-centric ». Prenons en compte les aspirations des citoyens et sortons des schémas de développement traditionnel. Allons au-devant de leurs attentes et proposons-leur des alternatives porteuses de valeurs !

Les sondages qui sont régulièrement faits auprès des actifs sont assez explicites quant à leurs insatisfactions : le coût de la vie et l’éloignement avec la nature sont les principaux griefs des franciliens contre leur région selon Cadremploi. Ils associent la ville à la pollution, au stress et aux embouteillages. Si les marges de manœuvre sur le coût de la vie sont réduites au niveau municipal, les villes peuvent toutefois se repenser pour traiter du sujet de l’éloignement et du rapport à la nature, sujet phare de notre époque (comme en témoignent d’ailleurs les poussées électorales des verts dans les grandes villes de province). Il faut permettre aux villes de se réapproprier leur territoire pour en faire autre chose que des programmes immobiliers titanesques.

Augmentons la part des espaces verts dans nos villes pour qu’elles aient toutes à disposition un ou plusieurs poumons verts, nécessaires pour le bien-être des citoyens. Diminuons le minéral là où c’est possible pour végétaliser un maximum d’endroits et recrutons des jardiniers et paysagistes pour allier l’objectif social à la cause environnementale. Mais l’aération de nos villes doit aller encore plus loin que cette végétalisation qui figurait déjà dans nombre de programmes lors des dernières municipales (faute d’être appliquée). Revoyons nos exigences architecturales lors de la délivrance de permis de construire. La course effrénée vers le toujours plus haut a comme effet pervers d’écraser les habitants des villes qui ont de moins en moins de vue sur le ciel. Donnons également à voir du beau aux franciliens. Ne permettons plus la construction d’immeubles sans charme ni cachet, qui participent à des cycles de démolition reconstruction coûteux pour l’environnement, mais construisons des immeubles donnant à voir des façades de cachet. Mettons en valeur notre patrimoine local en prenant soin de nos pavillons et immeubles de style traditionnel. Il n’y a pas de raison pour que nous devions nous conformer à un style architectural et un aménagement urbain laids, oppressants et déshumanisants.

Bien sûr, la tâche est ardue et ne pourra pas être menée à bien sans un big-bang normatif. Tel big-bang qui d’ailleurs ne repose pas que dans les mains des collectivités locales, mais également dans celle des plus hautes sphères de l’Etat. Il est néanmoins nécessaire, car il est porteur de valeur pour nos cités. Une municipalité qui saura répondre à ces attentes attirera mécaniquement une population en recherche de ce bien-vivre élémentaire, qui s’établira sur le territoire, s’y enracinera et fera prospérer les commerces locaux. Faisons de la ville un endroit où l’on veuille vivre et non plus un endroit que l’on subit, en attendant l’occasion d’aller en province : c’est le sens du développement des villes, et le défi pour ce siècle.

Romain CHERRIER
Candidat aux municipales 2020 sur la liste Vivre Issy Pleinement
Issy-les-Moulineaux

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires

L’aérien en France : entre espoir de relance, continuité territoriale et pression écologique

Constat

Depuis près d’un an, le monde de l’aérien subit une crise économique sans précédent, entrainant avec lui d’autres secteurs liés tels que le tourisme. Les compagnies low-cost disparaissent au compte-goutte, laissant place à un quasi-monopole des compagnies nationales sur le marché. La conséquence directe est bien évidemment l’inflation des prix, inévitable, ainsi que la réduction drastique de lignes et flotte des transporteurs, dues aux pertes astronomiques de capital et à une réduction draconienne du personnel.

En parallèle, depuis quelques années, les pays européens subissent des pressions écologiques, inspirées de mouvements nordiques tels que flygskam autrement dit « la honte de prendre l’avion ». Certains partis politiques, très majoritairement de la gauche radicale et écologiste profitent de l’occasion et se saisissent du sujet, menant souvent à des mesures punitives et prises unilatéralement, sans aucune concertation au préalable.


Ce qui ne fonctionne pas

1. L’aérien vers/en provenance de l’Outre-Mer pendant le Covid

Nos territoires d’Outre-Mer, souvent mis à l’écart des décisions ont encore une fois pâti de la situation. En effet, lors du déconfinement estival, ils ont été traités sanitairement comme des pays tiers et le principe de la continuité territoriale a été délaissé. Il s’avère le test PCR a été et demeure toujours obligatoire pour s’y rendre, or le gouvernement, par ses décrets, n’a pas rendu prioritaire les demandes concernant les voyages vers ces collectivités ce qui constitue une faute majeure, excluant une partie de notre territoire national du principe d’unité de l’Etat, étant ainsi placé au même rang que les Etats hors Union Européenne.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre, retard de vols, incertitude sur les correspondances notamment dans les hubs, refus d’enregistrement dû au retard des résultats PCR, mais surtout impossibilité pour certains passagers de respecter le délai imposé de 72h avant le vol. Toutes ces heures perdues constituent des pertes monumentales pour les compagnies, étalées sur l’ensemble de l’été, ce qui accroit cette situation économiquement tendue et désolante pour une partie de nos concitoyens.

2. Air France et la SNCF, une affaire d’Etat

Le premier trimestre de cette année aura été un désastre pour les compagnies aériennes. L’arrêt progressif des lignes vers la Chine, puis vers l’Asie et enfin la fermeture des frontières ont cloué au sol presque l’essentiel des flottes de la branche française du groupe AF-KLM (Air France, HOP et Transavia), limitant au strict minimum les revenus et rendant les projets d’expansion presque inaccessibles. A cela s’ajoute l’apocalypse administrative des vols de rapatriements, qui pour certains territoires se sont étalés sur plusieurs semaines. Encore plus dévastatrice que le choc pétrolier en 1973, jamais nous n’aurions imaginé une telle crise dans le secteur.

A cela s’ajoute une décision du gouvernement menant à une interdiction des liaisons domestiques lorsque le trajet peut être effectué en moins de 2h30 en train sauf pour les passagers en correspondance. Cette décision aurait été une des conditions pour l’aide financière de 7 milliards accordés à Air France, par le ministre de l’Economie.  Cependant, cette dernière s’avèrerait être du pain béni pour la SNCF, qui, après plusieurs dizaines d’années retrouverait son monopole sur ces liaisons inter-régions. Ces liaisons sont Paris – Bordeaux, Paris-Lyon et Paris-Rennes.

Or est-ce réellement écologique de laisser des avions faire des rotations à moitié vides, sous prétexte d’écologie ?

Pourquoi ne pas pouvoir remplir ces derniers sachant que le bilan carbone par passager va être considérable en comparaison avec un taux de remplissage élevé ?

Toutes ces questions sont malheureusement en contradiction avec les propos et les projets dits « écologiques » et font encore une fois figure d’écologie punitive.

3. Des aides presque inexistantes envers les autres compagnies

La question est cependant très claire, pourquoi le gouvernement aide massivement nos commerçants et pas nos petites et moyennes compagnies aériennes ? Une pression écologiste est-elle à l’origine de ces décisions ? Des dizaines de milliers d’emplois sont pourtant en jeu. Il est également pertinent de rappeler que nous sommes le premier pays touristique au monde et que l’aérien est un des piliers de ce secteur.

Hormis les 7 milliards d’euros versés à Air France, les autres compagnies hexagonales et ultramarines n’ont bénéficié d’aucun soutien de l’Etat, à l’exception de Corsair le 27 novembre (accord de 300 millions d’euros, principalement pour l’aide à l’acquisition d’une nouvelle flotte), fragilisant encore leurs ressources et épargnes. Certaines d’entre-elles exercent pourtant le principe de la continuité territoriale pour nos concitoyens (Air Austral, Air Caraïbes, Air Tahiti Nui…) et sont donc primordiales pour un bon fonctionnement économique entre le continent européen et ces territoires éloignées. Au-delà du transport de passagers, elles participent massivement au transit de fret ainsi qu’à l’acheminement postal, qui n’est pas négligeable.

Propositions

Le secteur de l’aérien français se trouve aujourd’hui dans une impasse économique. Il est extrêmement fragilisé depuis la faillite successive de deux compagnies pourtant bien installées sur la desserte des DROM et du Bassin méditerranéen, respectivement XL Airways et Aigle Azur, en octobre 2019. Cette année 2020 fait figure véritable coup de poignard, retardant les projets de développent et d’expansion notamment à l’international.

Il faut ainsi pouvoir garantir des liaisons de manière officielle, comme cela a été le cas les deux étés derniers entre Saint-Pierre et Miquelon et Paris CDG, avec la compagnie ASL Airlines. C’est l’un des rares cas de figure où l’Etat doit pouvoir intervenir, étant donné que cela relève de liaisons domestiques. La ministre des Outre-Mer Annick Girardin était intervenue avec la collectivité afin de sceller ce partenariat. Les prix avaient été fixés pour l’ensemble de la période.

En outre et en se basant sur le long terme, l’Etat doit massivement soutenir les projets de transition écologique des constructeurs aériens, notamment notre fleuron européen Airbus. Nombreux sont les projets liés au développement de nouvelles motorisations, plus écologiques, au développement massif de l’hydrogène ou encore du solaire. Le projet Solar Impulse a été un véritable bond dans le futur et a montré qu’il était possible de faire voler un avion sans kérosène. Bien évidemment nous parlons ici de l’aviation civile mais cela devra aussi être le cas de l’aviation militaire.

Alexandre MARTINEZ
Etudiant en Langues Etrangères
Militant Les Républicains

Sacha GAILLARD
Adjoint au maire
Ville de Saint-Cloud
Président-fondateur d’EspriTerritoires